Welcome to my world ღ Ran & Karl

@Karl V. Nightray & @Ran J. Hwang

Ran détestait sortir du cocon protecteur qu'était Éden mais son statut de responsable des expériences l'y contraignait parfois. Elle inoculait toutes sorte de sérum, plus ou moins aboutis, et les sujets mouraient souvent mais ça ne s'arrêtait pas là. Il fallait suivre l'évolution et analyser le comportement des souches injectées et ce, même post-mortem. Le nombre de cadavre s'accumulait et Babel Group ne disposait pas d'une morgue avec espace infini. Il fallait donc qu'elle se rende là où toutes dépouilles terminaient leur décomposition : la fosse.

Accompagnée d'une petite équipe de militaires, elle se rendit sur les lieux et releva toutes les données dont elle avait besoin. Une fois la sale besogne effectuée, elle pensait pouvoir retourner dans son nid douillé et confortable mais c'était sans compter l'appel au secours d'un autre escadron. Ran roula des yeux en comprenant qu'elle devrait s'enfoncer un peu plus loin dans les terres hostiles. Elle ne pouvait pas faire le chemin du retour seule, elle était bloquée donc condamnée à suivre les militaires le temps de la rencontre. Le groupe arriva non loin du port et chacun s’affaira à sa tâche, relâchant leur attention de la scientifique. Si pendant les cinq premières minutes Ran ne bougea pas, cela changea au bout de la sixième. Les pieds endolories par des heures de marche en talons, elle chercha un endroit où se poser sans salir ses fringues. Elle aperçut un petit hameau et songea qu'il devait sans doute y avoir un banc. Elle traversa les quelques mètres qui la séparaient de son objectif, scrutant le moindre relief dangereux pour ses chevilles délicates.

Les petites cabanes composants le hameau faisaient concurrence aux bidonvilles amassés devant les remparts d’Éden. Mais cette vision n'était rien en comparaison de la puanteur ambiante. Grimace de dégoût. « Aish... » pesta-t-elle en chassant l'odeur de sa main. Elle monta difficilement sur un petit ponton en bois et s'approcha de l'une des cabanes. Sa tête pivota de droite à gauche, à l’affût d'un quelconque danger mais ce genre de prise de conscience restait brève chez l'asiatique. Elle n'avait pas forcément conscience du danger que pouvait représenter l'extérieur puisqu'elle n'y traînait pour ainsi dire jamais. Son regard fut attiré par son propre reflet dans une vitre brisée de la cabane. Elle s'y regarda un instant avant de passer une main dans sa longue chevelure, lui faisant regagner un peu de volume. Elle tâta automatique ses poches à la recherche de son rouge à lèvres avant de se rappeler qu'elle avait opté pour une jupe sans poches ce jour là. Un léger bruissement lui indiqua que quelqu'un s'approchait d'elle. « La mission est terminée ? On peut y aller, ça pue ici. » dit-elle à l'attention de l'homme derrière elle, pensant être en présence d'un soldat.

Reculant d'un pas, elle voulut faire volte-face mais son geste fut interrompu pour cause d'escarpin coincé dans l'interstice d'une lame boisée. Elle tituba un peu et se cogna au torse derrière elle. Profitant de lui, elle s'appuya à son avant-bras, se déchaussa et massa la zone au niveau de son talon d’Achille. « Faudra envisager de me porter pour le retour » plaisanta-t-elle en se redressant et posant enfin ses yeux sur l'homme. Lorsqu'elle se rendit compte qu'elle ne le connaissait pas, elle le repoussa de sa force fluette. Elle y avait mis de l'énergie mais celui-ci ne chancela même pas d'un centimètre. Un brin perturbée, elle entreprit de s'éloigner avant de revenir sur ses pas en claudiquant sur une jambe. Elle ne pouvait définitivement pas se résoudre à laisser un escarpin aussi onéreux derrière elle, son précieux. Le libérant de son piège, elle le saisit en pleine main et menaça l'inconnu qui faisait facilement une tête de plus qu'elle de son aiguille. Il devait vraiment être impressionné par ce petit bout de femme -ironie-. « Je ne suis pas seule ! » déclara-t-elle avant d'appeler : « Soooldat ! » Sans réponse ni réaction alentour.

Karl V. Nightray & @Ran J. Hwang

Le soleil étincelant reflète sur l’eau milles étoiles éphémères ondulant au rythme lent de la respiration marine. Songeur, je m’imprègne de ses rares moments de quiétude au bord de l’eau. La main en visière je scrute l’horizon. Y a-t-il encore quelque chose au-delà de ma vision ? Un creux béant dans ma mémoire m’empêche de me remémorer le passé. Je viens sans aucun doute d’un pays lointain. Comment je suis arrivé là ? Il y a -t-il quelque part quelqu’un pour qui je compte ?

Boudeur, je jette un œil à mon reflet. Je suis un étranger, pour tout le monde et pour moi-même également. D’un geste brusque j’ôte la chaine de mon poignet. Karl, inscription usée par le fil des années à s’écorcher les mains et survivre. Ce prénom ne veut rien dire pour moi. Pourtant c’est le nom que je donne lorsqu’on me le demande.

Hésitant, une pulsion m’intime de jeter ce souvenir inaccessible à la mer. Peu importe qui j’étais, je ne suis plus le Karl du passé. Je suis le présent. Un présent sans passé essayant de se composer un futur dans tout ce bordel. Je me ravise. Le rythme effréné de mon cœur y est surement pour beaucoup. Je suis attaché à cet objet malgré moi. De nouveau relié à mon poignet je fais glisser le soleil dessus comme ci un rien m’échappait depuis des années. Une révélation allait peut-être arriver.

Dubitatif, je tourne les talons pour revenir à mes occupations. Je sais que je ne suis pas loin de toucher mon but. J’ai aperçu la cité imprenable du haut d’une cabane il y a deux jours. Les indications étaient donc correctes et les voyageurs de bonne foi, je suis content de les avoir sortis du pétrin. C’était de bonnes personnes. Je peux donc espérer pouvoir me ravitailler ainsi que vendre des babioles d’avant-guerre. Il parait que les piles et batteries se vendent à prix d’or. Cette pensée me donne le sourire même si me séparer de mes petits trésors me peine. Disons retour sur investissement qui sait je pourrais trouver des objets intéressants en échange.

Subitement, je me fige. La vision que j’ai me sort totalement de ma rêverie. Qu’est ce que cette femme fait ici seule au milieu des décombres et des relents âpres. Sa tenue m’interpelle. Elle se tient là telle une princesse hors de son château. Je ne peux détacher mon regard de sa silhouette fluette.
Mission ? C’est donc cela la raison de sa présence. Elle vient donc de la fameuse Eden j’en mettrais ma main à couper. Le spectacle qu’elle m’offre étire mes lèvres. Aurai-je trouvé plus maladroit que moi ? Alors que je fais un pas en sa direction afin de l’aider à sortir son talon prisonnier, je suis surpris par son contact franc et précipité. Je n’ose plus bouger d’un cil alors qu’elle se sert de moi comme d’un pilier pour garder son équilibre.

En un instant, c’est la désillusion, le regard noir qu’elle me lance me fait froid dans le dos. Elle essaie en vain de me repousser. Tétanisé, je la fixe, silencieux. Je la vois battre en retraite puis revenir sur sa décision afin de ? Sauver sa chaussure ? Réellement je ne sais quoi penser. En tout cas il est clair qu’elle ne doit pas vivre en dehors des murs d’Eden. Pourtant là voici qui me menace avec son arme de fortune. Son appel à l’aide résonne dans l’atmosphère sans que rien ne fasse écho.
J’avance d’un pas en tentant d’attraper son arme.

 « Es -tu sûre de vouloir faire cela ? Tu risques de les abimer. »
Je laisse ma phrase en suspens avant de prendre les choses en main avant qu’elle n’attire autre chose que des gardes du corps.

 « Je ne suis pas ici pour me battre. Je ne voulais pas te faire peur. Ran… »
Je ne fais que lire le badge sur sa poitrine espérant ainsi gagner un peu sa confiance. Mon ton est apaisant. J’aimerai la convaincre que je ne cherche pas les hostilités.

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Sa tentative d'appel à l'aide et d'intimidation par le nombre tomba à l'eau et malgré l'homme face à elle, Ran se sentit seule. À première vue, il ressemblait à un vagabond et elle exécrait ce genre de personnage puisqu'elle les tenait pour responsable de la mort de son père. Celui-ci était sans nul doute comme tous les autres, voleur et facilement corruptible. « Combien ? » demanda-t-elle soudainement, pensant pouvoir acheter sa sécurité mais il avança d'un pas dans l'intention de lui voler son arme improvisée. Son corps exprima un mouvement de recul et son bras fléchit un peu plus en arrière, éloignant son bien de l'emprise de l'homme. Elle le fusilla du regard. Il venait d'enfreindre plusieurs règles qu'elle avait elle-même instaurée. Premièrement, il essayait de la voler. Puis il se permettait de la tutoyer alors qu'ils ne se connaissaient ni d'Eve ni d'Adam et enfin, ce sournois tentait de l'apaiser en prononçant son prénom. Alors lorsqu'il lui demanda si elle était certaine de vouloir faire ça, Ran hocha de la tête, affirmative. « Et vous ne me faites certainement pas peur ! » annonça-t-elle de façon vindicative en serrant toujours son escarpin entre ses doigts. Se rendant compte que son attitude n'était pas en corrélation avec ses paroles, la scientifique quitta sa position menaçante -à contre cœur- afin de garder contenance et prouver ses dires. Il n'avait pas l'air de vouloir tenter quoi que ce soit alors Ran se détendit un peu et rechaussa son escarpin, retrouvant un peu de sa hauteur.

Se tapotant les mains pour en chasser la poussière, elle se concentra de nouveau sur l'inconnu face à elle. Il avait un coup d'avance en connaissant son prénom. Maudit badge ! Et elle s'en sentait désavantagée alors elle l'analysa de haut en bas. Ran arrivait à faire fit des fioritures environnantes et déceler le potentiel de cet homme. Derrière ses habits défraîchis par des jours, voire même des semaines d'errance, se trouvait un homme des plus sexy.  Elle fit claquer son talon contre le sol en s'approchant d'un pas, mains jointes derrière le dos. Son regard s'accrocha à la gourmette qui ornait le poignet de l'inconnu. Curieuse, elle l'attrapa, l'attirant davantage à elle afin d'y voir plus clair. Son doigt glissa sur sa peau avant d'en tapoter la petite plaque sur laquelle était inscrite : Karl. « A qui l'as-tu volé ? » demanda-t-elle, soupçonneuse. Ce bijou détonnait avec le reste de sa tenue, si bien qu'elle doutât qu'il en soit le véritable propriétaire. Relevant la tête, elle sonda son visage tout en fronçant les sourcils. Ran était physionomiste et ses traits ne lui étaient pas totalement inconnus. Sa main quitta celle du vagabond pour se nicher sous son menton. Elle grimaça sous le contact de sa barbe naissante avant de le faire pivoter de droite à gauche. « Vous êtes beau. » déclara-t-elle finalement en le vouvoyant de nouveau. Ses lèvres s'étirèrent, dessinant un sourire radieux. « Karl »  répéta-t-elle à voix haute en tapotant délicatement l'arrête de sa mâchoire avant de se retourner. « Tout le monde en fait des caisses mais l'extérieur n'est pas si terrible. » C'était sa première rencontre en dehors des murs et elle était du genre à faire des généralités sur toute chose. Ce mec était sympa donc les autres devraient l'être aussi. Pourquoi diaboliser l'extérieur ? Puis elle se rappela. L'homme était un loup pour l'homme.
 

Karl V. Nightray & @Ran J. Hwang

Perplexe, je la regarde interrogateur. Combien ? Que cherche -t-elle à s’offrir exactement ? Ma protection ? Sa liberté ? Un service douteux au coin d’une rue ? Mes pommettes se teintent de rouge à cette pensée. Je la fais déguerpir en secouant la tête. Elle désire sans doute que je m’en aille sans faire de mal à personne. Ais -je vraiment l’air d’un pilleur sanguinaire ? Un regard sur l’eau me renvoie une image plutôt saine de moi-même. Il est hors de question que je prenne la fuite devant ce bout de femme exaspérée. Je compte bien trouver deux ou trois choses intéressantes dans les cabanes de pêcheur abandonnées. Cependant la scientifique a vraiment l’air intimidante malgré son arme de fortune.

Son assurance me déstabilise, je commence à me demander si je ne suis pas tombé dans une embuscade. En effet il y a des rumeurs qui courent sur la ville d’Eden. Des rumeurs qui disent que des personnes de l’extérieur ont déjà été emmenés dans la cité et n’ont plus jamais donné signe de vie. Je n’ai pas vraiment envie que ce soit mon cas même si il faut l’avouer le bourreau abhorre un très joli minois. Entrer à Eden n’est pas tant difficile finalement en montrant patte blanche je devrais pouvoir me frayer un chemin. Le nom Ran J. Hwang pourrait être un atout pour forcer le passage au cas où les gardes tiqueraient un peu.

Je reporte mon attention sur la jeune femme, son attitude menaçante a laissé place à une once de curiosité. Téméraire, elle s’approche de moi en minaudant. Sans que je n’ai le temps de réagir, elle est de nouveau agrippé à mon bras. « A qui l'as-tu volé ? »  Piqué à vif par sa question, je m’arrache de son étreinte. Je suis sur le point de lui dire que je ne voudrais pas que ça devienne une habitude lorsqu’elle pose sa main sur mon visage cette fois. Décidemment, je ne parviens pas à me défaire de l’envahisseur.

« Vous êtes beau. »  Elle me prend au dépourvu à chaque fois. Interloqué, j’arque un sourcil avant qu’elle me libère de sa propre initiative. Je ne sais que penser et je suis à cran. Alors que je suis prêt à bondir à chacun de ses mouvements, je me laisse soumettre sous sa caresse. Qu’est ce que je fous puta*n. Me mordant la langue je finis par lui demander.

«  Qu’est-ce que vous faites ici, seule au milieu des caisses à poisson ? »
Je la vouvoie cette fois, trop méfiant de sa familiarité.

La raison de sa présence m’intrigue vraiment. Les rumeurs sont-elles fondées ? Je sais qu’elle ne va pas me dévoiler le but de sa mission mais peut-être que dans le mensonge qu’elle me servira il y aura une part de vérité. Tandis que nous parlions, le soleil s’est masqué derrière d’épais nuages bien chargés. Dans pas longtemps nous serons noyés par des trombes d’eau.

 « N’interprétez pas mal ce que je vais vous dire mais il serait judicieux de se mettre à l’abri maintenant avant d’être trempés jusqu’aux os. Je peux passer devant voir si la voie est libre. »

C’est alors que pour illustrer ma parole, une pluie diluvienne s’abat au-dessus de nos têtes. Sans l’attendre, j’entre dans l’abri le plus proche après une rapide analyse.

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Décidément cet homme ne la prenait pas au sérieux et ça l'agaçait un peu. Elle tapa du pied pour exprimer son mécontentement. « Je ne suis pas seule. » éluda-t-elle, omettant délibérément de répondre de manière précise à sa question. La cause de sa présence ici ne le regardait pas. « Je vous l'ai déjà dit. » Il devait sans doute croire qu'elle disait ça pour se protéger afin qu'il ne tente rien de désespéré. Mais sa franchise sonnait comme un mensonge puisqu'il n'y avait personne d'autre qu'eux dans ce hameau. Foutus soldats qui manquaient à leur devoir ! Ils auront un blâme à leur retour sur Eden, pour sûr Ran n'en resterait pas là. Nonobstant cela, elle chercha les dites caisses de poissons. Maintenant, elle savait d'où provenait cette odeur nauséabonde de marée basse. « Je me sens dans mon univers. » Hein ? Parmi les truites desséchées ? Non, elle se sentait telle une sirène, reine des alentours mais Karl n'allait certainement pas le prendre en ce sens.

Puis comme il l'avait annoncé, la pluie vint s'abattre sur eux. Il proposa d'inspecter la cabane, acte totalement gentleman qui fut apprécié de la belle. D'un petit geste nonchalant, elle le lui autorisa afin de pouvoir mater ses fesses de façon complètement irrespectueuse. Karl hors de sa vue, elle resta un instant sous la pluie, levant les mains au ciel côté paume pour récolter quelques gouttes cristallines. Son visage en offrande à ce ciel malheureux, elle finit par réagir en utilisant sa main en guise de parapluie avant de trottiner gaiement vers la cabane. De son index, elle poussa ce qui restait de la porte afin d'y élargir le passage. Celle-ci s'écarta dans un grincement plaintif. Se passant une main dans les cheveux afin d'y chasser un peu l'eau, elle secoua la tête énergiquement avant que ses yeux ne recherchent de nouveau la silhouette de l'homme. Il était là, l'attention ailleurs que sur elle, les cheveux ébouriffés lui donnant une allure sauvage, irrésistible. Croisant les bras, elle l'observa silencieusement, un sourire aux coins des lèvres. Son bras se tendit vers lui, les yeux toujours captivés par ce spectacle envoûtant, ses doigts se déployèrent et firent mine de l'attraper. N'y tenant plus, elle s'approcha de lui et tira sur un pan de sa veste avant de placer sa main sur son torse. « Votre t-shirt est mouillé, il faut le retirer. » Tout ça dans un but purement médicale afin de lui éviter une pneumonie -bien entendu-. Elle était dans un état beaucoup plus avancé que lui mais s'en fichait. Elle en avait vu d'autre. «  Allez-y, je ne vous regarde pas. » Et pour illustrer ses propos, elle lui tourna le dos.

L'envie de l'aider à ôter ses fringues imbibés la hantait mais elle réussit à contenir cette pulsion. S'avançant un peu plus dans l'abri de fortune, elle en fouina visuellement les détails. Un frisson la parcourut mais ne le montra pas, elle n'avait pas froid et ne souffrait pas de l'humidité ambiante, point. Son nez la chatouilla et dans une mimique loufoque, elle réprima son envie d'éternuer. Continuant son inspection : « Vous êtes plutôt doué en météorologie, vous avez étudié à l'université d'Eden ?» Demanda-t-elle d'une manière qui se voulait innocente, naïve alors qu'elle cherchait à savoir ce qu'un citoyen foutait en dehors des murs. Parce que plus elle le regardait et plus elle était certaine de l'avoir déjà rencontré. Tandis qu'elle tentait un brin de causette pour combler le silence, elle remarqua un petit cadre sur l'une des étagères branlantes. Curieuse, elle se mit sur la pointe des pieds et attrapa difficilement l'objet de son intérêt. Elle pourtant habile de ses mains et maîtresse de ses gestes heurta la planche qui se déroba. Le bocal à hameçon qui s'y trouvait se fracassa au sol, projetant éclats de verre qui blessèrent la peau de porcelaine de Ran. Cette dernière laissa échapper un juron, oubliant le foutoir qu'elle venait de faire.
 

Karl V. Nightray & @Ran J. Hwang

Il fait sombre là-dedans et mes yeux ont du mal à s’habituer à l’obscurité. Mon ouïe me confirme qu’il n’y a personne d’autres que nous à l’intérieur du moins personne d’autre que moi puisque la princesse se fait désirer. Le pas léger, je m’approche d’une fenêtre afin de faire entrer un halo lumineux. Je ne suis pas mal à l’aise avec le fait d’être cloîtrer dans un endroit sombre. Mais j’oublie un instant que je ne suis pas seul. Mon instinct de prospecteur prend le dessus. Je parcoure de l’index la surface poussiéreuse du vieux mobilier. Cela fait un moment que l’endroit est resté clos, la porte entre ouverte permet d’évacuer le picotement allergique qui me chatouille l’odorat. C’est une bonne opportunité pour moi de mettre la main sur un objet intéressant même s’il est difficile d’espérer quelque chose de cet endroit. Je suis de nature optimiste et curieux.

Tandis que j’entends le reste de gonds de l’entrée se plaindre, mes yeux distinguent un petit contenant rouillé derrière la porte d’entrée. Avide, je traverse la pièce sans prêter attention à ma partenaire afin de voir de quoi il s’agit. Rapidement, j’ouvre le bouchon. Prudent je secoue le contenu. L’odeur d’essence m’emplit les narines. Il y a environ 4l de liquide. Fier de ma trouvaille, j’empaquette dans mon bagage. Evidemment cela me charge un peu plus mais cela peut toujours servir ou être vendu / échangé en cas de besoin.

Un sursaut me dresse l’échine alors que la main de la sirène m’attire à elle. Est-ce qu’à ce moment elle m’ensorcelle ? Au dépourvu une nouvelle fois, son contact m’électrise. Je suis désarmé fasse à ce visage envoutant. Son contact chaud sur mon torse malgré le linge mouillé me déconcerte. Ses cheveux lisses entourent son visage de poupée faisant filer les gouttes d’eau le long de sa poitrine blouse ouverte. Indéniablement, je me mords les lèvres. Puta*n Karl… Bienheureusement elle ne voit pas mes pommettes se teinter puisqu’elle virevolte élégamment pour me laisser un peu d’intimité.

Cet acte a pour effet de rompre le charme. J’obéis pourtant, docile. Torse nu, je fouille mon sac pour trouver quelque chose de sec à enfiler. Elle évoque l’université. Je ris.

« Ais- je vraiment l’air de sortir d’une de vos universités ? Je n’en serai pas là non ? »  

Il me parait impensable de quitter la pérennité d’une ville comme Eden afin de vivre une vie de vagabond. Cette ville doit avoir son lot de vices et de corruptions mais lorsque l’on risque sa peau chaque instant cela pèse peu dans la balance. Je pense que si j’avais vécu à Eden, je ne serai pas dehors à l’heure qu’il est. Je ne souhaite pas pour autant rejoindre la cité fortifiée pour m’y établir, simplement pour améliorer mon confort en achetant des objets difficiles à trouver et pourquoi pas m’y reposer un peu. 10 ans d’errance ça pèse sur les épaules au bout d’un moment. Plus que le poids du packetage.

C’est avec perte et fracas que je me retourne vers Ran avant même d’avoir récupéré l’objet de ma recherche. Des éclats de verre sur le sol craquent alors que je m’élance vers la scientifique. Sans réfléchir, je l’attire à mon tour vers moi pour la sortir de l’îlots à hameçon. Je m’aperçois qu’elle est blessée. Je la laisse prendre appui sur moi jusqu’à ce que je trouve un siège où l’y déposer. Les pieds sont solides, je la dépose délicatement et étends sa jambe coupée sur mon genou. A ses pieds j’observe l’entaille après avoir posé mon maillot propre sur ses cuisses. Sa jupe courte oblige mes yeux à fixer la plaie superficielle avec une attention décuplée.

« C’est peu profond et ne nécessite pas de soin particulier. Je vais tenir la plaie un moment refermée. Je ne suis pas médecin mais vous peut-être ? Vous auriez de quoi désinfecter ? »  

Dans la poche d’une blouse ou dans un sac non loin de là ou je l’ai trouvé. Je serai prêt à braver la pluie pour effacer cette moue boudeuse de ses lèvres. Avec mon tee-shirt, j'essuie l'eau qui ruisselle lentement de son menton. Elle aussi doit être glacée et pourtant elle a pensé à ma personne en premier.

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Alors comme ça il n’était pas allé à l’université ? La jeune femme stoppa son geste un instant et fronça les sourcils, soupçonneuse. Cet homme mentait, Ran en aurait mis sa main à couper. Beaucoup de chose lui faisait défaut mais certainement pas sa mémoire. Elle était le genre de bonne femme insupportable à ressortir une anecdote vieille de vingts ans lors d’une dispute ou se rappeler de ce qu’elle avait mangé le cinquième vendredi de l’année 2087. Ce visage, elle l’avait déjà vu lorsque ses traits étaient encore juvéniles. Ran n’avait connu que Daegu et Éden dans sa vie. Il n’était pas bridé, son prénom n’avait aucune consonance asiatique donc peu de chance de l’avoir rencontré en Corée du Sud. Donc il ne restait que la capitale de la sûreté, la bien nommée Éden. Mais il n’avait pas l’air de vouloir s’épancher sur le sujet. « C’est vrai que vous avez plus l’air d’un bûcheron que d’un homme d’affaire, loin d'être un bon parti. » dit-elle dans une mimique légèrement dédaigneuse. Un poil vexée parce qu’elle ne savait pas ce qu’il voulait sous-entendre dans ses propos, elle porta son attention ailleurs.

L’étagère où elle jeta son dévolu dégringola et sa jambe s’en retrouva meurtrie. Rien de grave, une petite coupure superficielle mais elle eut pour conséquence de se faire attirer vers le brave chevalier que semblait être Karl. Dans l’élan, le corps de Ran heurta celui de l’homme et l’espace d’un instant elle mourra d’envie de rester lové au creux de ses bras mais il ne lui en laissa pas l’occasion. Elle s’accrocha à son bras, la jambe levée en arrière telle une pimbêche tandis qu'il se démenait afin de lui trouver un siège de fortune. Elle lissa sa jupe avant de prendre place, princesse un jour, princesse toujours puis surélevant sa jambe, Karl constata les dégâts. La scientifique se félicita intérieurement d’être toujours épilé de façon impeccable autrement elle n'aurait pas supporté ce geste. Un coin de ses lèvres s’étira avec malice lorsqu’il recouvra ses cuisses de son t-shirt. La pudeur de cet homme activa le côté joueur de Ran. Sans éprouver la moindre honte, elle remonta le bout de tissu, entraînant sa jupe au passage. « Tellement mignon... » finit-elle par lâcher dans un chuchotement emprunt de fascination. Il semblait si consciencieux et tellement innocent, ça la faisait littéralement craquer. Les doigts de l’homme parcoururent la peau de Ran et dans un geste, il mit en application ses dires. « Hum probablement. » Totalement obnubilée par le spectacle qui se déroulait sous ses yeux, elle avait répondu sans avoir vraiment écouté ce qu’il disait.

Ce torse nu dévoilant une musculature parfaite, ce minois aux yeux bleus azur légèrement perturbé à la vue de cuisses découvertes. Que ce devait être agréable de faire du peau à peau avec cet homme, là, maintenant afin de faire monter sa température de quelques degrés. La main de l’asiatique quitta le t-shirt propre avant de s’avancer une nouvelle fois vers l’objet de sa convoitise. Décidément, Karl débridait le côté tactile de Ran. Mais alors qu’elle était sur le point de tripoter le corps bouillant du vagabond de ses mains parfaitement manucurées, celui-ci lui tamponna la face dans l’idée de sécher les dernières gouttes de pluie récalcitrantes. Soupirant et prenant une moue boudeuse, elle ressembla à une gosse à qui on venait de piquer sa sucette. Il était terriblement frustrant à lui imposer sans le vouloir le On touche avec les yeux. Agacée, elle attrapa le bout de tissu et le lui enfila à moitié sur le crâne avant d’avoir une idée. Ran releva la jambe, plaça son pied au niveau de l’épaule de Karl et exerça une vive pression afin qu’il perde l’équilibre. Profitant de sa confusion, elle se leva et l’entrava de ses mouvements en plaçant le tabouret de part et d’autre de son torse. S’asseyant en amazone dessus, elle se pencha afin de permettre à Karl de regagner la vue. « Fini de jouer Karl. Les militaires qui m'accompagnent ne devraient pas tarder à revenir me chercher pour rentrer sur Eden... » Clairement ce n'était pas ses 47 kilos toute mouillée qui allait arrêter l'homme mais en attendant, elle avait toute son attention. « et vous allez rentrer avec moi. » De gré ou de force. C'était une des missions des exterminateurs donc ça ne leur poseraient pas trop de problème. Ran souhaitait garder sa trouvaille et la ramener tel un trophée en ville. Il ne pourrait pas s'échapper, lui échapper. Il était à elle. À peine avait-elle prononcé ces mots qu'un bruit suivi de plusieurs voix s'élevèrent dans le port. « Les voilà. » déclara-t-elle avant de se lever, rompant le contact visuel. Elle s'approcha de la fenêtre, prête à les héler pour leur signaler sa présence mais son teint devint plus livide qu'à l'ordinaire. « Je crois qu'on a un ... » cherchant ses mots « léger problème. » annonça-t-elle en mimant le mot léger de ses doigts. « R'habillez-vous et réglez-moi ça. » La scientifique pouvait gérer un seul homme mais pas tout un groupe. Ils étaient cinq, quatre hommes et une femme et n'avaient pas l'air aussi sympathique que Karl. « Montrez-moi de quoi vous êtes capable mon beau.» Donner des ordres, elle savait faire mais son chevalier était-il enclin à obéir ou à se montrer preux ? Elle n'allait pas tarder à le savoir puisque la porte en bois de la cabane s'ouvrit avec fracas suite à un violent coup de pied. Dévoilant leurs visages au vagabond, Ran osa : « Des amis à vous ?» Peut-être qu'après tout les vagabonds formaient une grande famille...


Les dés :
Militaires : NON
Si NON : Groupe de pillards
 

Karl V. Nightray & @Ran J. Hwang

La réponse à ma question ne semble pas appropriée. A quoi pense-t-elle ? Crédule, je l’observe attentivement. Finalement sa blessure est encore moins grave que ce que je pensais. Elle s’en moque comme d’une guigne. Alors que je manœuvre pour ne pas qu’elle attrape froid, celle-ci reverse une nouvelle fois la situation. Aveuglé par mon tee-shirt, je bas en retraite. Cela sans compter mon imprévisible investigatrice. Sans crier gare, je me retrouve entravé.

Lorsqu’elle me libère enfin la vue, je fulmine. Agacé, le poult me bat les tempes. D’ordinaire calme, Ran a le don pour mettre mes nerfs à rude épreuve. Sa détermination me saute aux yeux et je n’aime pas cette étincelle qui brille au fond de son iris. Quelque chose cloche et je ne vais pas tarder à savoir de quoi il en retourne.

L’ordre à peine dissimuler me frappe de plein fouet. Sérieusement ? Que croit-elle faire exactement ? Il est vrai que je me suis montré coopératif depuis notre rencontre mais il y a des limites. Je ne sais pas si j’ai toujours eu un problème avec l’autorité. Quand bien même depuis mon « réveil », je ne supporte pas qu’on me dicte mes actions. Encore moins lorsque que c’est sous pression militaire.
D’un calme déconcertant je lui lance :

« C’est vraiment dommage Ran, je commençais à t’apprécier. Si seulement tu me l’avais demandé gentiment je t’aurai accompagné avec plaisir puisque c’est à Eden que je me rends. Cependant je n’aime pas tellement la tournure des évènements. »

Il est temps pour moi de lui fausser compagnie. Hors de question de rester une seconde de plus sous sa domination exaspérante. Tandis que je m’apprête à tout envoyer valser, des voix répondent à l’appel de Ran. C’est pourquoi je m’exécute en balançant le tabouret en fracas. J’étais à deux doigts de l’envoyer voler avec mais dans la précipitation elle cours rejoindre ses défenseurs. Rapidement je récupère mon sac et enfile mon maillot. Le mot problème ne m’atteins pas. Je suis quasiment sorti du pétrin. Accroupi sur le battant de fenêtre de la cabane je suis prêt à m’enfuir par l’arrière.
Une nouvelle fois son ton autoritaire vient heurter ma sensibilité.  « R'habillez-vous et réglez-moi ça. »

 « Je ne suis pas un de tes sbires et je ne suis pas non plus sous tes ordres. »

Le temps qu’elle me fait perdre à pour conséquence de faire entrer les cinq protagonistes. A première vue, ils n’ont rien de militaire. Leur face et leur posture m’alerte sur le fait qu’ils sont ici pour faire un raid. J’ai croisé de nombreux pillards depuis 10 ans et l’issue est rarement optimiste.
L’asiatique ne se démonte pas pour autant. Erreur, avec eux il vaut mieux faire profil bas. Je ne sais pas si c’est sa naïveté face au danger ou sa bravoure qui m’empêche de fuir mais les pillards ne vont pas en rester là.

Me voyant habiller à la va vite, ils ricanent évoquant qu’ils ont interrompu un bon moment. Les insultes fusent. Je sens qu’ils ne vont pas tarder à bousculer Ran. La présence féminine dans le groupe ne l’épargnera pas. Je prends ma décision descendant de mon perchoir. Il faut faire diversion en attendant les militaires. S’ils existent vraiment. Cette pensée me donne froid dans le dos. Lorsqu’un des gars pose sa main crasseuse sur la peau de porcelaine de Ran, j’agis.

Je fonce sur le mec pour le renverser démarrant les hostilités.

 Les dés : Oui, je le renverse
 Non, il m’accueille avec son poing
Pv pillard 1 : 9/50
   pillard 2 : 50/50
   pillard 3 : 50/50
   pillard 4 : 50/50
   pillarde  : 50/50

@Karl V. Nightray & @Ran J. Hwang

Décidément cet homme était à part. Elle lui offrait l’opportunité de franchir les remparts d’Éden en un seul morceau mais il n’avait pas l’air de vouloir saisir cette chance. Il semblait même penser pouvoir y pénétrer seul alors que quelques minutes auparavant il se ventait du fait de ne pas être allé à l’université, prônant avec fierté son statut de nomade écervelé. Savait-il seulement ce qui attendait un vagabond dépassant la ligne invisible qui séparait la sécurité intérieure de la ville de l’hostilité extérieure ? Sûrement pas, autrement il aurait obtempéré et lui aurait même baisé les pieds pour la clémence dont elle faisait preuve. Ran le toisa sans ajouter un mot, tiquant seulement sur les beaux mensonges qu’il déblatérait. Elle n’était pas dupe et avait vécu suffisamment longtemps pour savoir qu’on ne pouvait nouer des liens aussi rapidement. Il se foutait d’elle et ne commençait nullement à l’apprécier. Il n’y avait que ses parents qui l’avaient aimé à sa juste valeur, elle l’enfant si particulière. Karl était un inconnu, piètre menteur mais il était sexy et ça contre-balançait quand même pas mal le jugement qu’elle pouvait avoir sur lui.

Ran émit un soupire las avant de se lever du tabouret, guidée par les voix s’élevant à l’extérieur, elle s’approcha de la fenêtre. Sa mine s’assombrit légèrement lorsqu’elle comprit qu’il ne s’agissait pas de son escorte militaire mais d’un groupe de casseurs, bien moins sympa que le loup solitaire qui se tenait à quelques pas d'elle. La jeune femme sursauta légèrement lorsque le tabouret alla se fracasser au sol, l'obligeant à reporter son attention sur Karl. Il était là, sur le battant de la fenêtre de derrière, prêt à fuir comme un lâche. Sa langue claqua en signe de désapprobation. « Aigoo » persifla-t-elle entre ses dents, exaspérée. Un éclair de déception traversa ses yeux noirs puis laissa place à de la tristesse. Les insultes et moqueries salaces des pillards captèrent de nouveau son attention. C’était dingue. Dingue parce que ça ne l’atteignait pas, elle y était habituée et sa carapace était là, toujours aussi solide face aux mots. Non, elle était bien plus peinée par la défection de Karl. Cet homme sans courage qui la laissait à la merci de ces brutes. Chagrinée à cause d'un putain de connard qu’elle venait à peine de rencontrer, bordel. Acceptant la fatalité qui se dessinait devant elle, Ran serra les poings, décidée à en découdre. « La gonzesse à l’air friquée, choppez la ! » En deux grandes enjambées, l’un des pillards arriva à son niveau. Elle leva le bras dans l’optique de se défendre mais celui-ci la stoppa en l’empoignant. Il loucha sur son bracelet un instant avant de se faire expulser comme un moustique se ferait culbuter par une tapette à mouche.

Sous le coup de la surprise, elle fut déstabilisée et tomba à terre. Elle se réceptionna sur les coudes, un peu sonnée, elle tâta le sol et tomba sur un morceau de verre. S’en emparant, elle l’utilisa afin d’offrir une fente à sa jupe crayon, lui faisant gagner en liberté de mouvement. Une fois l’atelier couture terminé, elle releva la tête pile au bon moment. Profitant de l’assaut de Karl, la fille du groupe tenta de l’attaquer sournoisement par l’arrière. Vive, Ran chercha un moyen de l’en empêcher. Elle rampa jusqu’aux reliquats de tabouret, validant le fait qu’un des pieds ferait office de pieu. « Le touche pas, pouffiasse ! » aboya-t-elle en s’élançant vers elle. D’un geste précis et calculé, la scientifique enfonça son arme improvisée dans l’abdomen de la pillarde. Celle-ci cracha du sang et se replia en position fœtal contre les lames du parquet. L’adrénaline parcourant les veines de la poupée coréenne, elle se plaça derrière Karl comme pour le protéger. « Merci, de ne pas m’avoir laissé seule. » ç’avait été dit dans un souffle, un chuchotement à peine audible mais elle lui en était reconnaissante. « à qui le tour ? » brandissant son grand cure-dent, le courage au maximum. « Je vous embroche tous un par un. » Paroles qui n'avaient pas pour but premier de les agacer davantage mais qui l'eurent tout de même. Les trois pillards encore sur pieds n'avaient pas l'air de vouloir abandonner si facilement, ils avaient de l'audace pour mille, c'était bien. Un peu moins pour Karl et Ran.
 
Celui qui semblait être le leader du groupe s’avança et fit un signe de tête à ses comparses, leur ordonnant tacitement de se positionner autour du couple. « C’est le point faible.  » affirma-t-il en désignant la belle bridée « attrapez-la et il sera doux comme un agneau. Ou buttez-la.  » Euh, Ran n’était pas vraiment certaine que Karl en ait quoi que ce soit à faire de sa destinée, elle déglutit un peu et resserra sa prise sur le bout de bois. Reculant d’un pas, elle rencontra le dos de son gentil vagabond. Sa main libre se nicha furtivement sur le popotin de l’homme, ce qui lui arracha un sourire et la détendit un peu. « Je vais bientôt crever, autant en profiter. » Les brutes se jetèrent vers eux, lui faisant perdre subitement ses moyens. Ran fit volte-face, poussa Karl : « Sauvez-vous ! » puis s'accroupit en se tenant la tête entre les mains, laissant échapper son pieu.  «  Kyaaah  »

Les dés Les pillards sont armés ? Non Attaque Oui : Ran touche sa cible (24)

pillard 1 : 9/50 pillard 2 : 50/50 pillard 3 : 50/50 pillard 4 : 50/50 pillarde  : 26/50

Karl V. Nightray & @Ran J. Hwang

Alors que je heurte de plein fouet le pillard interloqué, j’écarte Ran de son chemin. Ce qui a pour effet de la renverser. Dommage collatéral puisque je n’avais pas dans l’idée de la bousculer en même temps. Avant de perdre l’effet de surprise, je refais le portrait du salopard qui a osé poser ses mains sur Elle. Dans mon dos, je sens que ça s’agite. Cependant je ne me retourne pas avant d’être sûr que ma proie bat en retraite. Lorsque le mec soupire enfin, sonné, il est rejoint par la pillarde bien amoché. Je me relève lentement les poings ensanglantés. Du regard, je remercie Ran d’assurer mes arrières. Pourtant une petite voix me dit qu’on est loin d’être sorti d’affaire.

L’asiatique mise sur la provocation ce qui m’arrache un sourire en coin. Comment une si délicate créature peut-elle être aussi hargneuse. J’admire son courage et sa prise de risque moi qui seul dans cette situation aurai déguerpi sans demander mon reste. Elle vient d’Eden mais cette fille possède une âme de guerrière. La voici qui profite ouvertement de la situation en me passant la main sur le pantalon. Put*in Ran ce n’est pas le moment. Je serre les dents en attrapant sa paume dans la mienne dos contre dos.

Rapidement je calcule les options qui s’offrent à nous. Nous barrer n’est pas envisageable vu l’air maussade de nos attaquants. Il ne reste que se battre ou faire diversion pour gagner du temps. J’opte pour la seconde solution.

 « Vous feriez mieux de partir, les militaires d’Eden vont arriver d’une minute à l’… »

Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’elle me repousse de toutes ses forces. Surpris, je titube sur un pas avant de me retourner à mon tour. Les yeux écarquillés, je la découvre à la merci de tous. Se sacrifiant pour me laisser une échappatoire. Sa voix résonne dans mes tympans. L’afflux de pression sanguine, mon cœur qui bat la chamade, je m’interpose une seconde fois entre elle et les pillards.

J’attrape le manche du pied de chaise de ma protégée les mains poisseuses de sang et arme mon bras prêt à frapper le leader du groupe d’un revers.

 « Il est hors de question que je te laisse ici. »

Le chef des pillards retrousse ses manches, nullement intimidé alors que le reste de la troupe recule d’un pas. Comme pour montrer l’exemple, il fonce sur moi.

Les dés : Oui, mon coup réussi
Non, il me désarme
Pv pillard 1 : 9/50
   Leader : 46/50
   pillard 3 : 50/50
   pillard 4 : 50/50
   pillarde  : 26/50

L'arme déjà bien amochée rend l'âme au moment de l'impact. De multiples échardes volent en éclat dans un bruit sec. Le forcené essuie quelques gouttes de sang de son oreille sans conséquence. Je grimace en songeant que j'ai dû bien plus l'énerver qu'au préalable.

Ma main recherche celle de Ran avant de la remettre sur pieds. De ma silhouette je la couvre entièrement dans mon dos en lui intimant de reculer. Acculé et désarmé, les chances de s'en sortir s'amenuisent. Cependant je vendrais cher ma peau et à ce stade, il est hors de question pour moi de renoncer

@Karl V. Nightray & @Ran J. Hwang

Ah. Lui qui semblait vouloir fuir les militaires quelques minutes plus tôt attendait maintenant leur arrivée avec impatience. Ran leva les yeux au ciel en entendant cette girouette mentionner cette menace comme le ferait un parent voulant faire peur à son gosse en évoquant le Croquemitaine. Honnêtement, ces mecs venaient de se faire laminer par un type pas plus courageux qu'un gamin volant un os à un chihuahua et une teigne déguisée en poupée Barbie et ils étaient encore là. Alors ils devaient certainement s'en foutre comme de l'an quarante de cette probabilité et ça, la jeune femme l'avait bien compris. Une main enroulant son pieu, l'autre prisonnière dans celle de Karl, elle réfléchit rapidement à la situation. La conclusion n'était pas très optimiste, fallait se rendre à l'évidence, ils étaient condamnés. Les militaires n'étaient pas foutu de faire leur job correctement, leur mission première était pourtant simple -protéger Ran durant son expédition- mais pour le moment, ils brillaient par leur absence. Alors plutôt que de mourir à deux, elle préférait mourir seule. C'est pourquoi elle repoussa Karl afin qu'il se sauve.

Ran s'accroupit et ferma les yeux, attendant un impact qui ne vint pas. Interloquée, elle se risqua à ouvrir un œil. Il s'était de nouveau interposé  « Pourquoi ? » balbutia-t-elle faiblement. Le peu de personne qu'elle considérait comme proche n'auraient jamais mis leur vie en jeu pour elle alors pourquoi un inconnu qui n'avait rien le ferait ?  Elle avait pour habitude de ne rien faire sans contre-parti et d'appliquer le principe de l'échange équivalent. Les temps étaient difficiles, la bonté et l'altruisme n'avaient plus leur place sur Terre et pourtant, il existait encore des gens prêts à prouver le contraire.

Le leader décida de prendre les choses en mains puisque ses toutous reculaient, la queue entre les pattes. Karl tenta de le repousser mais celui-ci esquiva, le blessant à peine. La fureur dans ses yeux pouvait se lire. Ran reporta son attention sur les lattes du plancher, dans une sorte d'état second. Ses yeux rencontrèrent le morceau de verre qu'elle avait utilisé pour déchirer sa jupe. Elle l'attrapa discrètement avant de se laisser relever par son gardien improvisé.

« Tu vas me le payer connard ! » aboya l'autre tandis que Karl se dressait tel un bouclier devant elle. Refusant qu'il lui arrive quoi que ce soit par sa faute, elle n'allait pas reculer docilement comme il le lui demandait. Ses doigts agrippèrent davantage l'arme translucide et quand le leader s'élança afin de mettre en pratique ses paroles, Ran s'activa. Elle prit l'élan nécessaire pour grimper sur le dos de Karl à son insu et avec dextérité, elle planta le bout de verre en plein dans la carotide de l'attaquant. Ce dernier stoppa tout geste menaçant pour protéger l'entaille dont il venait d'être victime puis s'affaissa au sol. Soulagée d'avoir réussi, elle cala son menton sur l'épaule de Karl et soupira d'aise. C'est à ce moment que les exterminateurs décidèrent de montrer leur nez, après la bataille, complètement inutiles. « Mademoiselle Hwang ? » interrogea le chef d'escadron. Ran quitta le dos du vagabond, balaya la pièce du regard et remarqua que les deux autres s'étaient fait la malle. « Je suis ici. » répondit-elle simplement avant de faire de nouveau face à son compagnon. Se mordant les lèvres, elle tenta de démêler le nœud qui se formait dans sa tête.

On ne pouvait pas mettre en cage un oiseau qui ne demandait qu'à voler librement sous prétexte qu'il est beau. Elle devait le laisser partir maintenant autrement il périrait à petit feu. Cette fatalité l'attrista un peu mais elle se ressaisit rapidement. Se pinçant l’arête du nez, elle inspira calmement, tentant de s'exprimer sans que sa voix ne se brise tant ces mots ne voulaient pas franchir la barrière de ses lèvres. « Va-t'en. » Il n'était pas l'un de ses sbires comme il l'avait dit mais il avait tout intérêt à obéir car les hommes en uniforme étaient aussi là pour glaner du vagabond donc ils ne feraient pas de différence entre lui et les pillards. Mais avant qu'il ne se décide à s'éloigner, elle le retint en attrapant un pan de son t-shirt. « Dis moi au moins ton nom avant de partir. » Avec cette information, elle pourrait le retrouver, c'était l'idée. Puis de son autre main, elle s'obligea elle-même à lâcher le tissu pour lui permettre d'enfin s'échapper, laissant une trace ensanglantée en souvenir de cette rencontre.

L'asiatique se retourna finalement, préférant échapper visuellement au départ de Karl. Égoïste, elle savait qu'elle trouverait un moyen de le faire rester, par chantage ou en jouant sur la corde sensible et elle s'y refusait. Les gémissements du leader attirèrent son attention, elle s'approcha de lui et posa son pied sur la blessure pour faire point de pression, le dominant par la même occasion de sa petite hauteur. Les mains sur les hanches, elle admira les corps à terre et un rictus prit soudainement possession de ses lèvres. Ils feraient de beaux sujets d'expériences. Vu ce qu'ils avaient fait endurer Karl et elle, elle n'allait pas être tendre avec eux. S'ils avaient jusqu'alors réussi à éviter le virus KTV pendant leurs années d'errance en terre hostile, ils allaient avoir la chance de le chopper entre les murs d’Éden. Qui avait dit que l'intérieur était plus sûr que l'extérieur ? C'était seulement le cas lorsqu'on se trouvait du bon côté, du côté de ceux qui ont du pouvoir. Cette ville ne protégeait que l'élite et les citoyens qui voulaient bien se plier aux règles sans faire de vagues, pour le reste... le dehors semblait bien moins effrayant. Les militaires débarquèrent dans la cabane après en avoir sécurisé l'extérieur. « Vous êtes en retard messieurs. » grogna-t-elle « Ramassez-moi ça, on rentre à Eden. »

Les dés Les militaires sont de retour ? Oui Attaque Oui : Ran touche sa cible (35)

pillard 1 : 9/50 leader    : 11/50 pillard 3 : fuite pillard 4 : fuite pillarde  : 26/50

Karl V. Nightray & @Ran J. Hwang

« Tu vas me le payer connard ! »
La fureur dans les yeux du leader me donne froid dans le dos mais je ne bouge pas d’un millimètre. Un frisson me parcoure l’échine tandis que le pillard se décide à agir. Et il n’est pas le seul. Un poids plume se sert de ma taille pour devancer l’ennemi. Son habilité fait mouche alors qu’elle transperce sa cible d’une manière remarquable. Allant dans son sens, j’ai eu le réflexe de l’agripper autour de moi d’une prise ferme autour de ses cuisses. Si nous n’étions pas dans ce genre de situation mon imagination irait bon train mais pour le moment j’écarte ce genre d’idée de ma tête. Les sens en alerte, les muscles bandés, je suis prêt à riposter avec mon alliée.

L’erreur d’avoir voulu l’écarter du danger alors qu’elle est d’un atout évident dans ce combat à l’issue fatale me saute aux yeux. Son menton reposant dans le creux de la clavicule m’apaise, son soulagement est mien également lorsque le type n’apparait plus comme une menace.

« Mademoiselle Hwang ? »
Soulagé que cela se finisse ainsi, je laisse Ran descendre en souplesse sur ses deux pieds. Jamais je n’aurai pensé être aussi serein d’entendre la force militaire d’Eden près de moi. Après tout il y avait des règles chez les militaires, des règles que les pillards n’ont pas. Je ne pense pas être exécuté sans motif valable. Il devait bien avoir une justice quelque part pour que cette politique fonctionne. Cependant nous sommes en terrain neutre ici, personne n’est témoin d’une bavure, personne ne plaidera pour un vagabond sans nom.

Perdu, je regarde Ran, qui semble aussi en plein dilemme. Je l’interroge du regard afin de savoir si dehors la menace est aussi grande que celle que l’on vient de vaincre. Et ce que je lis dans ses yeux ne me plais pas vraiment.
Elle se signale, il est évident qu’elle a eu son lot d’émotion. Moi aussi d’ailleurs. Elle a surement envie de retrouver la sécurité intérieure de son habitat. Pour cela je ne peux la blâmer. J’avoue que après ce que l’on vient de vivre je me réjouirai sans doute de me reposer sur mes deux oreilles.

La sentence tomba comme un couperet. « Va-t'en. »
Sa voix est claire, fluide, sans appel. Est-ce qu’elle m’épargne un mauvais moment en compagnie des militaires ou est ce qu’elle en a assez de cette aventure minable, je ne sais quoi penser. Songeur, je plonge mes yeux dans les siens à nouveau mais elle est indéchiffrable. Ses gestes pourtant me font penser à un brin d’attachement et mon cœur bat la chamade lorsqu’elle m’attrape le vêtement. Adrénaline, danger, affection tout se bouscule au fond de moi. Alors j’ouvre une brèche au fond de mon cœur, une brèche que je vais peut-être regretter mais j’ai besoin de cette espoir fou que quelqu’un en ait quelque chose à faire de ma personne sans aucun intérêt à en tirer derrière.

 « Je ne sais pas Ran. Sincèrement. »

Mes derniers mots se termine en un soupir. Je lève mon poignet indiquant mon bracelet en faisant un pas vers la sortie de secours qui est la fenêtre, mon paquetage à la main.

 « C’est tout ce que j’ai de mon passé. J’espère te revoir un jour, dans d’autres circonstances... »

Je la vois se détourner, le cœur soudain lourd.
 « Ne néglige pas ta blessure, guerrière . »

Sur cette dernière phrase, j’escalade le rebord avant de basculer de l’autre côté. Dans mon élément, je me sens déjà beaucoup plus à l’aise, me concentrant sur la survie malgré le chamboulement de ma pensée. Rapidement, je me trouve un endroit sûr avec un point de vue idéalement camouflé afin d’observer la cabane de pêcheur. Glaner des informations sur la vraie raison d’un groupe militaire en terre hostile est toujours utile.
Ce que je constate me donne la chair de poule. Des corps calfeutrés dans des sacs plastiques défilent. Décidemment, j’ai pris la bonne décision, je ne sais ce qu’il serait advenu de moi si Ran ne m’avait pas laisser fuir. Ce qui se trame à Eden ne m’inspire rien de bon. Ce dont je suis témoin confirme les rumeurs. Ma petite vie à l’extérieur des murs n’est peut-être pas si mal finalement.

@Karl V. Nightray & @Ran J. Hwang

Son bras retomba mollement contre le torse de Karl. Le danger était écarté pour le moment et cette perspective la vida de toute énergie. Son menton se lova dans le creux de l'épaule du vagabond et elle sentit les mains sous ses cuisses resserrer leur prise. Elle aurait pu rester ainsi durant des heures mais la voix d'un militaire la ramena à la réalité. Ran quitta le dos de son compagnon de combat à contre-coeur puis se signala. Ils en avaient mis du temps à se rappeler qu'elle existait et que leur mission était de la protéger du danger.

Avant leur arrivée, la scientifique avait pris la lourde et difficile décision de laisser son bel étalon s'en aller, gardant en tête qu'elle le retrouverait un jour. C'est pourquoi elle lui demanda son nom mais celui-ci lui avoua qu'il n'en savait rien. Ses sourcils se froncèrent suite à cette déclaration, la prenant dans un premier temps comme une excuse pour ne pas le dévoiler. Puis les pièces du puzzle s'imbriquèrent doucement. Il devait être amnésique. Voilà pourquoi il disait ne pas être allé à l'université d’Éden alors que Ran était certaine du contraire. S'il ignorait qui il était, elle devait peut-être lui dire qu'ils s'étaient déjà rencontrés dans le passé. Dos à lui, elle ouvrit la bouche mais il laa devança en lui demandant de bien soigner sa blessure. Ran retint sa respiration et referma sa main blessée, prenant conscience des dégâts. Elle se retourna vivement et ses yeux se posèrent à l'endroit où Karl se tenait quelques secondes plus tôt. Il était déjà parti et il avait bien fait. Les militaires débarquèrent et encerclèrent les pillards.

Ran s'approcha du leader et stoppa sommairement l’hémorragie en appuyant son escarpin sur la plaie. L'un des militaires arriva et pris la relève. Tandis qu'ils s'affairaient à ferrer les malfrats, Ran en profita pour balayer les alentours du regard. Elle s'approcha de la fenêtre, peut-être dans l'espoir d’apercevoir l'homme qui l'avait aidé à surmonter cette attaque mais le paysage n'offrait rien de tel. Lorsque le chef d'escadron lui demanda comment elle s'était débrouillé pour mettre à terre trois personnes, elle répondit « J'ai reçu l'aide d'un vag... d'un homme bon. » Certains hommes valaient le détour, il faisait parti de ces exceptions. Cependant, les exterminateurs qui ramenaient chaque semaine de nouveaux sujets d'expériences ne faisaient pas le tri avant. Elle espérait ne jamais le retrouver dans l'une de ses salles chez Babel Group. Sa main se posa sur le carreau de la fenêtre. « Ne te fais pas prendre... » chuchota-t-elle. Il n'y avait qu'elle qui pouvait l'attraper, il ne devait y avoir qu'elle. « Mademoiselle ? » Tournant la tête vers l'homme qui l'avait interpellé, elle fit un signe de la main suivi d'un signe de tête négatif afin d'éluder la question. « Nous sommes prêts à partir. » Ran hocha de la tête puis se glissa dans le cortège, direction Éden.

Fin