Ran ღ Lets be friends ?

Septembre 2074 : Les peuples se déchirent tandis que le monde meurt à petit feu. La troisième guerre mondiale fait rage depuis quelques mois déjà mais ne décourage en rien les futurs parents de Ran. Leur souhait de donner la vie est bien plus important que les événements environnants, histoire de vivre quelques moments de bonheur puis, pour plus tard, laisser quelque chose ou quelqu'un derrière eux. C'est dans ce climat nocif et purement égoïste que Ran voit le jour pour la première fois. Son père a beau être le directeur d'un prestigieux hôpital de Daegu, Ran naît au beau milieu du salon au sein du manoir familial, avec pour premiers contacts au monde les aspérités rugueuses d'un tapis de Kerman.

Décembre 2080 : Il y a des femmes dont l'instinct maternel n'est pas quelque chose d'innée. C'est le cas pour la mère de Ran mais malgré tout, elle tente de faire de son mieux. La fillette, bien que jeune, en a vaguement conscience et n'émet aucun jugement. De toute façon, elle n'a pas de modèle de comparaison puisqu'elle ne sort que rarement du manoir. Elle grandit et essaye de se construire avec pour seules compagnies la solitude et sa mère. Trop protecteurs et un brin paranoïaques, les parents optent pour l'école à la maison, coupant Ran de tout contact avec l'extérieur et l’empêchant, sans le vouloir, de créer des liens essentiels à son bon développement. Elle valide seule toutes ses premières fois de bambin et développe un amour-propre à outrance.

Fin 2091 : Malgré les accalmies, l'atmosphère se dégrade en Corée du Sud. Les assauts sont certes moins nombreux mais de plus en plus violents. Au sein de la haute société coréenne, des bruits courent comme quoi il existerait une ville aux mœurs utopiques, éloignée de toutes les horreurs qui font rage. Eden, terre d'accueil pour les plus riches. Monsieur Hwang décide donc de tout abandonner afin d'offrir sécurité et avenir à sa famille. C'est un crève-cœur de laisser derrière lui le fruit de plusieurs années de labeur mais c'est un sacrifice nécessaire. La famille quitte ses terres natales et emménage dans les prémisses de ce qu'on appellera plus tard "noyau". Ran fait son entrée à l'université où elle décide de suivre les traces de son père en suivant un parcours scientifique. Par la même occasion, elle découvre les joies et problèmes de la vie en communauté. Ses débuts en société se font difficiles et la confortent dans l'idée qu'elle n'a besoin de personne pour avancer.

Février 2093 : Les larmes ne coulent pas, pourtant ce ne sont pas les raisons qui manquent. Ran doit faire face au deuil de son père, tué lors d'une embuscade par un nomade voulant le dépouiller de son pass et de son argent. L'accession dans ce havre de paix coûte le prix d'une vie visiblement. La jeune fille se plonge dans les études à corps perdu, lui évitant de commettre l'irréparable. Le visage de l'assassin de son père toujours en tête, elle maudit les pauvres et se jure qu'un jour, elle lui rendra la monnaie de sa pièce.

Année 2095 : L'argent s'amenuise et il devient de plus en plus difficile pour les deux femmes de payer le loyer exorbitant qu'impose les bailleurs du noyau. Elles s'en sortent et gardent la tête hors de l'eau l'espace d'un ou deux mois mais dès que le pécule du défunt père de famille vient à manquer, elles se retrouvent expulsées de leur domicile comme des malpropres. Eden est une ville de riches et ne fait pas de cadeau même envers ses citoyens présents depuis la première heure. C'est l'orgueil en berne qu'elles rejoignent une habitation sommaire de la zone Ouest. Chaque jour, Ran doit se frayer un chemin parmi les vermines malheureuses pour aller étudier. La chute est vertigineuse mais elle tente de faire bonne figure et garder la tête haute. Son seul salut sera de décrocher un job d'envergure mais pour cela, elle doit finir ses études. Afin de payer les frais, Ran travaille le soir comme serveuse dans un bar miteux et doit user de son caractère de peste et de ses griffes pour repousser les pochards un peu trop tactiles. Mais ça ne suffit pas, alors sa mère sort de la ville afin de trouver de quoi marchander.

Décembre 2098 : Alors qu'on pensait qu'il ne pouvait rien arriver de pire que la guerre et ses armes allant à l'encontre de l'éthique, un astéroïde s'écrase et bouleverse à jamais l'humanité. Certain crient au karma, que c'est un juste retour des choses et qu'on se brûle les ailes lorsqu'on se prend pour Dieu et ils ont raison. Les Kontvykh sont une abomination mais fascinent Ran qui voit en eux le secret de la vie éternelle si l'on pouvait éviter la dégénérescence des cellules nerveuses. Grâce à ça, elle tient son sujet de thèse.

Juin 2099 : Rien ne résiste à un acharnement de fourmi. Ran termine ses études en étant major de sa promo et valide sa thèse. Comme les bonnes nouvelles ne viennent jamais seule, le patron de Babel Group en personne l'approche afin de lui proposer un poste à responsabilités au sein de son entreprise. Les travaux de la jeune femme l'intéressent et il voit en elle un excellent élément pour gonfler ses rangs. La promesse de fonts et le salaire ne la font pas hésiter bien longtemps. Grâce à cela, Ran peut rendre l'ascenseur à sa mère et la mettre en sécurité au sein du noyau.

Automne 2100 : La pluie s'abat contre les carreaux au même rythme que les battements du cœur de Ran. Sa mère, affaiblie par les nombreuses années à farfouiller l'extérieur et vivre comme une misérable, perd la tête et continue à sortir d'Eden malgré son retour dans le noyau. C'est lors d'une escapade guidée par son début de sénilité qu'elle se fait infecter par le virus KTV. Grâce ou à cause de son travail de chercheuse, Ran réussit à la prendre en charge au sein de Babel Group. La sachant condamnée, la jeune femme l'utilise comme sujet d'expérience, espérant une miraculeuse avancée mais en vain. Elle voit sa mère dépérir au fur et à mesure que les heures passent. L'image est terrible. Attachée, souffrant le martyre et ne reconnaissant plus sa propre fille, elle est au point de non retour voilà pourquoi Ran décide d'abréger son supplice en empruntant l'arme d'un garde. Elle pointera le canon du pistolet contre la tempe de sa mère et appuiera sur la gâchette.

Juin 2101 : Les cauchemars se succèdent, elle voit encore le sang de sa mère gicler et recouvrir les murs de sa chambre et maculer sa blouse blanche. Malgré cette tragédie, elle garde contenance face aux autres mais s'égare dans ses recherches. Elle finira bien par trouver un remède à ce virus, qu'importe les moyens pour y parvenir.