Karl Viggo Nightray

Post Trauma :

La lumière du soleil m’a tout d’abord agressée la rétine au point de ne voir qu’une danse de lumière blanchâtre me poursuivant même les paupières clauses. J’ai ensuite repris connaissance lentement redécouvrant mes 5 sens endoloris. Une chaleur poisseuse me collait le crâne et la nuque, la vision qu’elle m’en donna acheva ma volonté de me remettre sur mes deux pieds.

Je suis resté un moment assis frottant mon cuir chevelu abimé en analysant la situation dans laquelle je me trouvais. Une main amicale sur mon épaule m’a fait sursauter pendant que je contemplais les vestiges d’une couche en désordre. Sur la défensive, j’ai d’abord eu pour reflexe d’attraper la main qui enveloppait mon épaule puis quelque chose dans son regard a ralenti mon geste.

J’étais complétement perdu dans un endroit inconnu entouré d’inconnu incluant ma propre personne. Je n’ai pas sauté dans les bras de cette personne même si elle m’a expliqué avoir sauvé ma vie. Je suis resté quelques mois à ses côtés parmi un petit groupe de réfugiés. Reconnaissant, je voulais faire quelque chose pour eux et je n’avais rien de mieux à faire de toute évidence. Rien de ce que je portais n’offrait d’indice sur ma provenance. Rien à part une gourmette gravée Karl dont je n’ai pas souhaité faire connaître l’existence à mes bienfaiteurs.

Les circonstances du sauvetage m’ont été reportées par différents individus, de plusieurs manières différentes, avec différents scénarios mais globalement les lignes conductrices se rejoignent. Je suis retourné plusieurs fois sur le lieu de l’attaque sans pour autant que cela ne provoque une once d’étincelle dans mon cerveau. Le néant abyssal qui y règne me donne souvent le vertige c’est pourquoi j’évite de m’y plonger.

J’ai été découvert lors d’une attaque à proximité du refuge de mon groupe. Interpellés par les cris et les lamentations, mes sauveurs se sont furtivement approchés du massacre qui venait d’avoir lieu. Ils ont entamé un nettoyage rapide de la zone afin de garantir pérennité à leur petit groupe de survivant et mettre un terme à l'agonie des blessés. Cette guerre ne rime à rien. Surement un règlement de compte ou un pillage vu que malgré les impacts de balle aucune arme n'était présente sur les lieux. Je ne sais pas ce qui a interpelé le nettoyeur d’après les on-dit je n’avais pas la tête du type à vagabonder en terre hostile, donc ma belle gueule a attiré l’attention du gars qui surement en voulant me faire les poches à soit senti mon pouls pour certain ou identifié un battement de cil pour d’autres ou tout simplement le protocole d’avant nettoyage obligeant à bien vérifier les constantes vitales, bref ils m’ont sorti de là m’évitant une mort lente et une douloureuse. Ainsi soit-il.

Alors voila comment je me suis retrouvé à suivre un groupe de rescapés avant de leur fausser compagnie pour un autre et parfois me retrouver seul.
J'ai survécu à la guerre puis aux soldats réanimés qui ont très vite changé de comportements. Du jour au lendemain ils tuaient tout sur leur passage, même les civiles. J'ai entendu parlé d'un tirage au sort mais pour moi cela n'a abouti à rien. Les paysages ont changé et la vigilance s'est accentuée. Du danger il y en avait partout maintenant.

Je me suis fait une place dans ce monde de fou jusqu’à me retrouver aux portes de l’idyllique Eden 10 ans après une vie d'errance. Je ne suis pas ici pour me faire une place. J'ai appris à faire avec ce j'ai. Avec les années et l’habitude des grands espaces j’ai aiguisé ma claustrophobie. C’est pourquoi la vue de ses immenses murs me donne le vertige. Cela sent la corruption, l’avidité et l’over-contrôle à plein nez. Non si je suis ici c’est pour le commerce. J’aime bien fouiller les décombres on y trouve un tas de choses intéressantes et on m’a dit qu’ici il y avait de gros riches prêts à payer très cher pour certains butins.

Moi mon truc c’est l’électronique. Ne me demandez pas pourquoi je n’en ai pas la moindre idée. Mais dès que sortant de mon bloc opératoire un appareil ressuscite j’avoue qu’un sentiment d’accomplissement m’envahi.  

Pré Trauma :

Karl Viggo Nightray, voici son identité. Fils unique du célèbre Viggo Nightray, précurseur au sein d’Eden. Il a toujours vécu dans l’ombre de la protection de son paternel. Sa mère ne s'étant pas relevée de son accouchement, c'est lui qui donna son éducation à Karl. Issu d'une bonne famille, il n'a pas subi la famine ni l'enchainement de catastrophe qui se profilait. Son paternel avait toujours un coup d'avance sur tout. Ses connaissances et son statut faisaient qu'il était rarement surpris par les nouvelles. Il n’a pas été bouleversé par  les travaux d’Eden.

Il a suivi la ligne qu'il lui avait tracé sans souciller jusqu'à l'année de ses 20 ans où s'est opéré de grands changements. Son père ayant étouffé ses émotions n’a rien laissé paraître du chaos et de la discorde environnante qui montait crescendo. Cependant la tension était palpable et Karl n'en perdait pas une miette.

Le déménagement dans la cité fortifiée n'a en rien enlever l'intérêt pour ce qui se passait à l’extérieur si ce n'est l'inverse. Le plongeant dans les études, son père lui évitait les temps libres voyant une curiosité croître dans les yeux de son fils. Sa mère était ainsi. Rayonnante et curieuse. Rien ne l’arrêtait lorsqu’elle avait quelque chose en tête. De cela Karl avait hérité. Plus il sentait le mystère planer, plus il voulait connaître les conditions de vie en dehors de la ville fortifiée et surtout ce qui se tramait. Etre enfermé ici voulait dire qu'une chose. Cela allait bientôt dégénérer dehors et Viggo ne lâcherait rien à ce propos.

Son père lui interdit de quitter le noyau et essaya d’étancher sa soif de connaissances en lui permettant de participer à ses travaux. La barre était très haute mais Karl était très prometteur. Peut-être un peu trop. Il terminait ses recherches et ses travaux en un temps record afin de sortir sur les remparts pour analyser les alentours. Son père et ses collaborateurs ne cessaient de plancher sur la sécurité. Karl voyait bien que cet endroit allait rapidement devenir hermétique.

C’est à la fois la faute de son père et de sa défunte mère que l’inévitable arriva.  Les travaux technologiques de son père éveillèrent en lui un sens aiguisé du travail. Il adorait ça et améliorer le confort et la praticité d’Eden étaient devenus ses recherches personnelles. Son père était fier de lui. Cela l'occupa presque une année. il devenait son bras droit, apportant un peu de modernisation dans les thèses de son père. L’appel du grand air ne l’avait pourtant pas quitté. Certaines nuits il parvenait à sortir du noyau et à rencontrer des personnes extérieures.

Cette nuit là, tout a basculé. Il avait donné rendez-vous à un type  afin de pouvoir planifier une sortie d’Eden pour collecter des éléments non loin en dehors des murs. Il avait trouvé dans les documents de son père le plan d’une ancienne station de radio désertée à un jour et demi de marche d’Eden. Son père avait apparemment déjà envoyé plusieurs équipes afin de récupérer du matériel mais la pièce maitresse des travaux restait introuvable. La synthétiser mettrait plusieurs mois alors qu’elle était là toute proche et qui sait combien de trésor restait-il encore. Avant d'être enfermé à Eden, il voulait contribuer afin de recueillir le plus de matière première possible. Contribuer à l'effort de chacun afin de pouvoir mettre à l'abri le plus de personne possible.

Une idée de con très certainement puisqu’il franchit les murs d’enceinte ça oui mais ligoté et yeux bandés. Il n’était pas question pour le type d’aider à faire évader en douce Karl Viggo Nightray quelques jours mais très certainement de le garder en captivité quelques heures avant de demander une rançon exorbitante et un pass pour la sécurité d'Eden pour lui et ses petits copains.

Encore une fois pour lui non plus ce n’était pas une très bonne idée. Alors que Eden ne faisait plus parti du paysage, tapis au pied de la cime des arbres, un groupe de maraudeurs les attaqua. On a beau avoir une expérience au combat et l’habitude de vivre en terre hostile, on se fait parfois avoir comme un débutant. Alors que le coup de crosse s’abattait à l’arrière du crâne de Karl, on entendait le hurlement des déserteurs se faire écho dans la forêt de Narthwich.

La suite, vous la connaissez déjà.