Les cheveux en bataille, les yeux de panda et les fringues en lambeaux, Ran ressemblait à une fille de joie dont la soirée avait mal tournée. Les regards tournés vers elle et les messes basses échangées attisaient davantage son impatience. Ces gens ne la connaissaient pas, ils ignoraient totalement ce qu'elle venait de vivre et pourtant ils étaient là à la juger comme une malpropre. Assise sur sa chaise, son pied martela le sol au même rythme que la trotteuse de l'horloge murale. Depuis combien de temps elle attendait dans cette foutue salle miteuse de l’hôpital public ? Légèrement confuse, elle n'avait pas rechigné lorsque les militaires l'avaient déposé devant les portes de l'édifice. Elle s'y était inscrite comme une citoyenne lambda et avait pris sagement place parmi le petit peuple. Depuis, elle avait retrouvé ses esprits et regrettait de ne pas se retrouver aux mains des talentueux médecins de la clinique du noyau.
Les portes automatiques s'ouvrirent au passage du médecin de garde. Ran releva la tête, espérant que son tour était venu mais ce ne fut pas son nom qui fut prononcé. C'était celui d'un vieux, souffrant sans doute de rhumatismes et proche de passer l'arme à gauche. Donc pas grand chose à faire à part peut être le faire partir en douceur. Les yeux de l'asiatique se posa sur l'entaille ensanglantée qu'elle arborait à la main, blessure qu'elle avait gagnée en se défendant avec un bout de verre. Celle-ci ne cessait de saigner, la faisait souffrir et risquait de s'infecter si elle attendait encore longtemps. À ce rythme, elle serait reçu au petit matin avec pour diagnostic une amputation. Non, c'était trop pour elle. Ran se leva, bouscula un peu le papy à la démarche mal assurée et lui passa devant. « C'est mon tour. » décréta-t-elle avec confiance. « C'est une véritable urgence, moi. Bien plus qu'un problème de constipation passagère ou d'arthrose de la hanche. » Elle agita sa main entaillée à la vue de tous afin d'illustrer ses propos. Témoins de la blessure, ils n'auraient rien à redire.
Sans attendre les réactions ou protestations, elle s'engouffra dans le couloir menant à la salle d’auscultation. Elle devina seule dans quelle pièce entrer. Ses yeux détaillèrent brièvement l'endroit, les murs blancs et la lumière blafarde donnaient une atmosphère aseptisée déplaisante sans parler de l'odeur désagréable bien typique des lieux. Ran fit comme chez elle, elle tira le drap d'examen et prit place dessus. « Coupure à la paume et entre les phalanges proximales et intermédiaires de la main droite. » annonça-t-elle lorsque le médecin débarqua dans la mini-salle. Peut-être que la consultation irait plus vite en donnant son propre diagnostic mais c'était sans compter sur son état émotionnel.
Sujet: Re: It Hurts, doctor ღ Noran Dim 26 Sep - 2:47
Une longue journée de garde et de soins était en cours pour Nora depuis le début de la journée. Elle avait dû enchaîner les heures pour cause de nombreux patients récemment mais la fatigue se faisait peu ressentir chez la jeune femme. Peut-être était-ce sa passion pour ce qu’elle faisait, ou peut être était-ce tout simplement son envie d’aider les autres. Elle savait qu’elle ne serait bonne à rien, à se reposer dans son lit. Ils avaient besoin d’elle sur le terrain, alors elle était là.
La jeune femme venait de laisser partir son énième patient et regarda le nom du suivant avant d’aller dans la salle d’attente pour appeler le patient suivant. Patient qui fut immédiatement dégagé par une jeune femme dont la main était en sang. Elle se sentit désolée pour ce pauvre papy mais elle ne pouvait pas non plus laisser cette jeune femme se vider de son sang. Nora adressa un sourire bienveillant au vieil homme, lui assurant qu’il serait le prochain et tourna les talons pour rejoindre sa patiente. A son arrivée, elle remarqua bien vite que la patiente en question venait de s’installer sur la table d’auscultation tout en lui indiquant la totalité de ses blessures. Elle semblait pressée mais Nora ne l’était pas, souhaitant faire son travail avec sérieux. Elle ne tenait pas à voir partir une patiente à moitié soignée sous prétexte qu’elle n’avait pas le temps, il en était hors de question. Patiente, elle s’approcha de la jeune femme avec un sourire.
_ Soyez gentille, laissez-moi faire mon travail.
Gentillesse mais fermeté, voilà ce que l’on pouvait déceler dans ces paroles. Elle alla chercher son matériel et examina la main de la jeune femme, s’empêchant comme elle le pouvait de grimacer.
_ Vous ne vous êtes pas loupée, on dirait. Vous allez avoir besoins de points de suture. Je vais vous administrer une anesthésie locale, après avoir désinfecter.
La désinfection, l’étape la plus primordiale si l’on ne voulait pas que le patient perde le membre blessé. Surtout en cette période. Gantée, Nora attrapa une compresse sur laquelle elle versa du désinfectant qu’elle posa sur la paume blessée de la jeune femme. Elle avait conscience de la douleur que cela devait lui provoquer mais c’était une étape importante et Nora passa sur chaque partie de la main ouverte. Dès que la désinfection fut terminée, elle alla chercher une seringue propre et tira une dose d’anesthésie avant de revenir vers la jeune femme pour piquer tout autour de ce qu’elle allait devoir recoudre. Encore une fois, pas un regard pour sa patiente, ne souhaitant pas être déstabilisée par une éventuelle douleur qu’elle pourrait déceler. Finalement, elle leva ses yeux bleus vers la jeune femme et lui sourit.
_ Nous allons laisser le produit agir, puis je commencerai à vous recoudre.
En attendant, Nora tourna une nouvelle fois les talons pour aller chercher son matériel. Lorsqu’elle fut sûre que l’anesthésie agissait, elle commença à recoudre la main de sa patiente avec une grande douceur.
La jeune médecin ne se fit pas prier et entra à son tour dans la salle d'auscultation. Elle avait visiblement compris qu'il s'agissait d'une véritable urgence par rapport aux petits bobos des autres patients. Ran se tenait déjà sur le lit, les jambes croisées et la paume de sa main blessée vers le ciel. Afin d'abréger sa visite dans cet hôpital miteux, elle donna au mieux son diagnostic mais la médecin la recadra un peu, lui demandant de ne pas lui voler son rôle. Les études de biologie n'étaient pas si éloignées de celles de médecine mais cette femme avait raison, chacun son métier. Malgré tout, ça ne l'empêcha pas de souffler de manière audible. « Faites. » Elle avait cette manière de s'exprimer qui la rendait parfaitement infecte aux yeux des autres. Cependant, elle ne s'en rendait pas forcément compte parce que la plupart du temps, le peu de personne qui la côtoyait n'avait jamais le courage de lui en faire la remarque. De plus, elle n'était vraiment pas douée pour la vie en communauté ou pour se faire des amis.
Alors que la médecin s'activait à rassembler le nécessaire pour les soins, l'esprit de Ran se remémora la scène comme pour faire écho à ses paroles. Elle ne s'était pas loupée, oui, mais ce n'était rien. Ils avaient eu beaucoup de chance, les pillards n'étaient pas armés et les militaires, bien qu'en retard, étaient arrivés sur le fil. Son attention fut ramené à l'instant présent lorsque la compresse imbibée entra en contact avec sa blessure. Ses sourcils se froncèrent et elle mordit ses lèvres de douleur. Son bras voulait se rétracter, par reflex, mais elle tint bon pour faire bonne figure devant cette femme. Ran était courageuse, tenace mais plutôt faible face à la douleur. Le comble ! Elle ne supporterait même pas la moitié de ce qu'elle faisait subir à ses sujets d'expériences. Cette pensée la fit sourire brièvement. Puis le docteur Blossom commença à injecter l'anesthésie local. De sa main libre, Ran secoua le tissu de sa chemise afin de s'éventer un peu. « Il fait un peu chaud ici. » dit-elle soudainement avant de se focaliser sur la question posée. Elle devait rester vague quant à sa réponse puisque sa mission en dehors des murs devaient rester confidentielle. « Je me suis retrouvée face à un groupe de pillards, j'ai dû me défendre comme j'ai pu alors j'ai attrapé la première chose susceptible de me servir d'arme et voilà le résultat. Je l'ai sans doute serré trop fort... » Un morceau de verre qui traînait sur le sol d'une vieille cabane de pêcheur. L'adrénaline l'avait délaissé depuis l'attaque et ses nerfs étaient un peu en boule. Ses yeux suivaient l'aiguille qui lui recousait la chair. Elle louchait presque sur chaque entrée et sortie du matériel médical. Bien qu'elle ait l'estomac vide, celui-ci se souleva un instant. Ses oreilles se mirent à bourdonner et sa vision se troubler. « Je crois que je me sens ma... » dit-elle en tentant de se relever. Elle appuya son bras sur le lit mais celui-ci se fit comme du coton et elle dégringola d'un étage.
Le malaise ne dura pas longtemps. La scientifique ouvrit les yeux une fois au sol et ce qu'elle avait réprimé depuis un moment, depuis qu'elle avait quitté le vagabond et les militaires, l'envahit d'un seul coup. Ran se mit à pleurer à chaudes larmes. « L'anesthésie n'a pas dû fonctionner, vous me faites mal. » décréta-t-elle honteusement. Elle n'aimait pas le mensonge mais elle était amené à en user régulièrement dans le cadre de son travail. Là, elle s'en servait pour cacher une faiblesse.
Nora ne fit pas vraiment attention au caractère de peste de la jeune femme qu’elle soignait. En fait, cela ne la dérangeait pas tant que ça. Elle avait déjà vu bien pire et rien ne pourrait la détourner de son but premier, venir en aide aux autres. Elle comprenait aussi que ce devait parfois être très humiliant de devoir se reposer sur une autre personne pour sa santé mais, parfois, il n’y avait pas le choix. Sa patiente se mit alors à s’éventer en clamant qu’il faisait chaud et Nora esquissa un très léger sourire. Elle savait qu’il ne faisait pas réellement chaud mais que c’était une réponse de son corps par rapport à ce qui était en train de se passer: La blessure, les soins... Tout ça était une sacré épreuve pour le corps humain.
La jeune femme lui expliqua alors comment elle avait pu avoir cette blessure et Nora l’écouta avec attention. Elle se demandait comment les gens faisaient pour sortir sans avoir peur de se faire tuer. Parce qu’il ne fallait pas avoir peur pour sortir de la sorte. Nora savait qu’elle n’aurait probablement pas tenu longtemps hors des murs d’Eden. Elle avait eu de la chance d’avoir pu trouver une place ici. Seule, dehors, elle serait probablement morte de faim ou même tuée.
Alors que Nora était occupée à recoudre la main de la jeune femme, celle-ci commença à dire d’une voix faible qu’elle se sentait mal et tenta de se relever avant de s’effondrer au sol. Nora se baissa immédiatement pour tenter de rattraper la jeune femme qui se trouvait désormais sur le sol. Inquiète, elle lui tapota la joue pour tenter de la faire revenir à elle.
_ Mademoiselle Hwang ? Vous êtes avec moi ?
Nora s’apprêtait déjà à appeler du renfort mais sa patiente revint très vite à elle mais elle se mit immédiatement à fondre en larmes, surprenant grandement Nora qui ne s’y était pas attendue. Le médecin n’était absolument pas dans le jugement, c’est pourquoi son air inquiet ne la quitta pas lorsque Ran lui avoua qu’elle lui faisait mal. Nora sentit son cœur se serrer en entendant ses paroles, en la voyant pleurer. Son empathie prenait toujours beaucoup trop le dessus. Elle posa la main sur la joue de la jeune femme, la regardant avec sincérité.
_ Je suis désolée, je ne comprends pas pourquoi l’anesthésie n’a pas fonctionné. Venez, je vais en remettre un peu et je vais vous donner un sucre à manger. Vous devez être hypoglycémie.
Nora aida Ran à se relever puis à s’installer sur la table d’auscultation. Elle se dirigea vers sa réserve de sucres et revint vite vers Ran avant de le lui tendre avec un sourire amical.
_ Est-ce que ça va aller ? J’ai bientôt fini de vous recoudre, vous allez tenir le coup ?
Cette médecin était plutôt professionnelle mais ça s'arrêtait là. Elle faisait son travail et seulement son travail, sans chercher à en savoir plus ou à voir plus loin que les blessures physiques. Outre sa main, Ran ressentait une douleur bien plus vicieuse. Le contre-coup d'une attaque, le bonheur d'une rencontre, la tristesse d'avoir abandonné quelqu'un derrière elle, l'angoisse de ne jamais retrouver cette nouvelle obsession. Tout se mélangeait en elle et la rendait émotive. Elle n'était pas du genre à se soucier de ses émotions, elle ne les comprenait pas généralement mais là, elle faisait face à un trop plein et ne savait pas qu'en faire. Alors combiné à la fatigue et à la vue de sa chair à vif, elle tourna de l’œil. Ce malaise arriva comme une sorte de mécanisme d'auto-défense, afin de fuir tout ça. Malheureusement cet échappatoire ne dura pas, l'asiatique rouvrit les yeux et remarqua le visage troublé de la soigneuse. Sa main proche de son visage lui signala que celle-ci avait tenté de la faire revenir. Par reflex, Ran eut un mouvement de recul avant de fondre en larmes.
Bredouillant quelques mensonges au sujet de l'anesthésie, elle ne continua pas lorsque la main douce du médecin se nicha sur sa joue. Ses larmes cessèrent, elle ravala un soubresaut et opina de la tête pour lui donner raison. Oui, elle avait sans doute raison, Ran devait souffrir d'hypoglycémie. Elle n'avait rien avalé depuis un moment, ça ne pouvait être que ça. Avec l'aide du Dr Blossom, elle se releva et s'installa de nouveau sur la table d'auscultation. « Je suis désolée, je ne sais pas ce qu'il m'arrive. » avoua-t-elle finalement tout en passant ses mains sur ses joues pour en chasser les gouttes cristallines qui y avaient élu domicile. Elle écarta les mèches de cheveux qui lui obstruaient le visage avant de se saisir du sucre que lui tendait le médecin, lui rendant timidement son sourire. « Merci. » dit-elle difficilement, peu habituée à la reconnaissance. Parce qu'elle se disait que c'était son métier, elle se devait de faire tout ça et de rester courtoise avec ses patients. Elle ne faisait pas une fleur à Ran en se comportant ainsi, elle y était obligé de part ses obligations professionnelles. Donc la scientifique rechignait souvent à remercier lorsque les choses n'étaient pas faites sincèrement.
Ran cala le morceau de sucre entre ses dents avant de le croquer pleinement. L'énergie lui revint presque instantanément et les soins purent reprendre. « Est-ce que je pourrai faire les soins moi-même ? » laissant sous-entendre qu'elle ne souhaitait dépendre de personne pour la suite. « Les fils vont se résorber tout seuls ? J'ai besoin de récupérer l'usage de ma main assez rapidement, vous pensez que c'est l'affaire de combien de jour ? D'ailleurs, vous ne m'avez pas dit, aucun nerf n'est endommagé ? » Ses yeux s’arrêtèrent sur le petit badge ornant sa blouse blanche et la conversation pris une autre direction. « Pourquoi êtes-vous devenu médecin ? » Ran jugeait que la priorité était de trouver des solutions aux maladies, virus. Prévenir que guérir. S'il y avait un remède à tous les maux alors il n'y aurait pas besoin de soigner, tuer dans l’œuf le problème avant qu'il ne se pose. Elle pensait comme une scientifique et avait du mal à imaginer que des gens pouvaient apprécier se lancer dans des causes perdues parce que quand le mal était là, c'était généralement trop tard.
Sujet: Re: It Hurts, doctor ღ Noran Mar 2 Nov - 23:51
La jeune femme se réinstalla donc sur la table d’auscultation en s’excusant et Nora se mit à sourire tandis qu’elle allait chercher le sucre pour sa patiente.
- Vous n’avez pas à vous excuser, vraiment. Cette blessure n’est pas arrivée là par hasard et si vous avez craqué, c’est qu’il y a une douleur bien plus profonde dans votre esprit qui a eu besoin de s’exprimer, je me trompe ?
Nora lui tendit le sucre qu’elle prit immédiatement en la remerciant. Le sourire de Nora ne la quittait pas, tandis qu’elle regardait sa patiente avec bienveillance. Elle posa une main douce sur son épaule tout en ajoutant.
- Si vous avez besoin de pleurer un bon coup, vous êtes libre de le faire ici. Vous ne serez jamais jugée, vous savez.
Ran demandait s’il était possible qu’elle fasse les soins seule, et Nora la regarda avec un air désolé.
- Je suis désolée mais ce n’est pas possible. Si l’on apprend que j’ai laissé une patiente faire, même si vous vous y connaissez, j’aurai des problèmes.
Elle marqua un temps d’arrêt, écoutant les questionnements de la jeune femme, puis elle reprit la parole pour lui répondre.
- Oui, les fils vont se résorber seuls, vous n’aurez pas besoin de revenir me voir, sauf si vous remarqué que la cicatrice prend une couleur bizarre ou qu’elle gonfle. En ce qui concerne le nombre de jour, vous en aurez pour une bonne semaine et demie donc je vous conseille grandement de vous ménager sinon ça risque d’être beaucoup plus long. Enfin, il n’y a aucun désastre sur votre main mis à part l’ouverture que je suis en train de refermer, vous n’avez pas de soucis à vous faire.
Pendant qu’elle parlait, Nora s’était remise à la fermeture de la main, si bien que lorsqu’elle eut terminé de parler, son travail fut terminé également. Elle posa ses outils et regarda Ran avec un grand sourire.
- C’est terminé ! Bougez un peu votre main pour moi, s’il vous plaît ?
Une blessure plus profonde, c'était le cas mais son corps l'exprimait d'une façon qui déplaisait à Ran. Les larmes étaient synonyme de faiblesse pour elle, elles pouvaient couler mais uniquement à l'abri des regards. Donc même si la médecin l'encouragea à décharger cette vague d'émotion qui la submergeait, elle se contenta d'un sourire contrit et d'un signe de tête négatif. Son corps en avait déjà trop montré. Cette parenthèse refermée, la jeune femme demanda si elle pouvait faire les soins elle-même mais fit face à un refus. Un soupire las exprima son mécontentement mais accepta le fait de devoir faire appel à une infirmière.
Tandis que la doctoresse continua ses points de suture, Ran s'interrogea sur les raisons qui l'avaient poussée à faire médecine plutôt qu'autre chose. Mais elle n'eut pas de réponse, la soignante était consciencieusement penchée sur sa tache et semblait avoir fait abstraction du reste. Tant pis, l'asiatique n'était pas curieuse à ce point et n'insisterait pas. Le tintement des outils sur le plateau en inox marqua la fin du soin. Comme demandé, elle plia puis déplia ses doigts à plusieurs reprises. L'anesthésie devait toujours faire effet puisqu'elle ne ressentit aucune douleur en faisant ces mouvements. « Tout me semble en ordre. » décréta-t-elle après un moment avant d'adresser un léger sourire à son interlocutrice. « Vais-je avoir des cicatrices ? » Elle n'aimait pas garder des traces sur son corps, sa peau de porcelaine mais fort heureusement, sa blessure concernait sa main et non son visage donc même si elle devait resté marqué, ça ne serait que minime.
« Des anti-douleurs ? » demanda-t-elle en se relevant. Elle ne pensait pas en avoir besoin mais avait toujours ce besoin de contrôler et diriger la consultation. Déformation professionnelle puisqu'elle était responsable d'une équipe au sein de Babel Group. Attendant une réponse ou une ordonnance, elle se recoiffa en regardant son reflet dans l'écran éteint de l'ordinateur de bureau. Elle arqua un sourcil lorsque un son grésillant sortit des hauts-parleurs, suivi des termes Code orange. Un brouhaha monta dans les couloirs de l’hôpital public. Ran ne connaissait pas les différents codes d'urgence mais ça ne sentait pas bon. « Ça présage rien de bon ça. » L'asiatique allait vite être poussé vers la sortie, ça tombait bien puisqu'elle ne souhaitait pas s'éterniser ici.
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