Baby please don't cry || Hazlie

Baby please don't cry

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Le 14 Mai 2101

Sac sur le dos, veste en cuir enroulée sur les hanches, treillis qui camoufle les jambes. Fin prête, gamine s’observe à nouveau dans les vitrines des rues commerçantes. On la croirait presque tout droit sortie d’un film d’action, prête à en découdre avec la vie et à faire la misère à ceux qui croiseront son chemin. Ca doit être les cernes au milieu de la gueule qui lui donne un air si horrible. Ou les joues creusées de fatigue. Soupire, elle a déjà vérifié une bonne vingtaine de fois que tout était bon – et dans le sac ou les poches. Faire demi-tour est peine perdue, hors de question – plutôt mourir même que de remettre les pieds dans ce putain d’appartement, vide de tout sens et d’amour. Autant s’aventurer dans les souterrains, après avoir vérifier trois ou quatre fois que personne ne pourrait l’y voir se glisser et sortir d’Eden ainsi, comme le plan de départ. Fuir.

Égouts – puanteur règne par ici et elle jurerait que ce n’est pas qu’à cause des eaux usées, mais aussi parce que les pauvres sans tickets y ont élus domiciles. Pas bête, quoique malheureux – un truc qu’elle répugne chez ces gens du Noyau, qui parfaitement à l’abri, n’ont pas de scrupule à laisser le reste de la population dans leur merde. Mais comment faire ce genre de commentaire quand elle-même a été accueillie dans cette prison dorée grâce (ou à cause) du sang qui coule à flot dans ses veines. Famille ne devrait pas se rendre compte de son absence avant le lendemain matin – ce qui lui donne une journée au moins par ici pour tranquillement continuer sa préparation, revérifier qu’elle a de quoi faire face à l’extérieur – parce que ça serait dommage de mourir en y faisant son premier pas depuis près d’un an.

Les souvenirs s’entassent – elle n’est pas passé par ici à son arrivée, mais s’imagine ce qu’aurait été sa vie si ça avait été le cas. George emplit ses pensées, parce qu’assurément il serait encore là, avec elle. Remord, elle se rappelle parfois de sa naissance, de ce petit bout de choux que la blonde pensait déjà détester avant même sa naissance, l’image d’une petite sœur insupportable en tête – mais à sa vue, dans l’hôpital de Londres, c’était l’Amour qui s’était immiscer sans vraiment qu’elle ne le veuille dans le palpitant. God ce qu’il était calme, à peine né et nettoyé, les yeux d’un bleu profond mais qui deviendraient plus foncés dans un avenir proche. Serein, attisant des choses qu’elle ne connaissait pas encore chez la mère et le beau-père. Et enfant à l’époque aurait pu jalousé cela, mais non – parce qu’elle comprenait ce qu’ils ressentaient. Bruit d’enfant qui pleure – petiot, les pas automatiquement s’y dirigent, à la recherche de l’enfant, envie irrépressible de le rassurer.

Quelques tours et détours, rapide, jusqu’à y parvenir, l’idée en tête que c’est un George rajeunit qui l’appelle – mais tombe sur cette femme et son enfant dans les bras. Arrêt sur image alors que les iris se croisent. « Oh, euh, je suis désolée, je croyais que, je croyais que... » Que croyais-tu Ellie ? Reprend sa respiration. « Désolée, je me disais juste que comme d’autres, l’enfant avait pu être abandonné. Mais je suis rassurée de voir que vous êtes avec lui. » Sourire sincèrement navré, alors qu’elle est encore un peu perdue entre ce qu’elle s’est imaginé et cette réalité qui ne lui convient pas vraiment. Espère juste que la dame ne lui en voudra pas d’avoir dit de telles bêtises – d’avoir été un peu trop honnête sur l’instant.

(c) oxymort