Made to suffer - Ki Hyun

Made to suffer.

Deux mois et demi ont suffis pour qu'Hazel se fasse une place au milieu de toutes ces personnes en attente d'un billet d'entrée pour la sécurité d'Eden. La jeune femme n'abandonnera pas, encore moins si près du but et avec un bébé sous le bras. S'il lui faut attendre dix ans, elle le fera, prête à tout pour la protection de son enfant. Donner des cours de temps en temps aux autres gamins qui se planquent dans les souterrains, ça l'aide à aller de l'avant et oublier pour une heure ou deux ses propres peines.

Mais il y a ce type...
Sa jeunesse et ses origines font remonter à la surface les souvenirs d'un Minho plus vivant que jamais. Or, il est mort depuis bien longtemps. Au départ, Hazel n'osait même pas poser son regard sur lui car à la nuit tombée, les cauchemars lui sautaient à la gorge. Mais avec le temps, elle a fini par se faire à l'idée que ce jeune homme croiserait sa route bien plus souvent que voulu. Hazel ne lui a jamais vraiment parlé, en tout cas rien de plus qu'une brève conversation pour savoir qu'il se prénomme Ki Hyun, au détour d'une rapide salutation.

Ce soir, un petit Aiden endormi dans les bras, la jeune femme fait les cents pas. Il lui faudra bientôt sortir pour récupérer de quoi nourrir son fils mais l'idée d'aller à l'extérieur avec le bébé l'inquiète. Elle refuse qu'Aiden se trouve à nouveau dehors, en proie au danger constant tout comme elle refuse de confier son bébé à qui que ce soit. Si elle s'est fait une place ici, elle reste néanmoins méfiante. Deux mois ne suffisent pas à la mettre à l'aise, elle qui est toujours sur le qui vive. "-Excuses moi ?" Dit-elle en approchant du coréen, mirage presque parfait de son Minho. "-Connais-tu quelqu'un qui pourrait faire une petite course pour moi ?"

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Made to suffer

@Hazel Scott et Ki Hyun

Un certain vingt six juin, année deux mille cent un.

Chaussures de ville font du bruit et indique sa présence en ces bas lieux. Il est rare ces derniers temps qu'il descendent et daigne ainsi se montrer dans les souterrains ces derniers temps - l'argent suffisant pour mener une vie presque rêvée là-haut si seulement il ne lui manquait pas un bout de papier attestant de sa légitimité. Continue donc ses bassesses parfois dans le coin, même si vendre le corps y est encore bien plus rares, l'âme, elle, depuis longtemps appartient au diable. Et ici, c'est les drogues qui circulent avec aise et qu'il vient chercher - se réapprovisionne pour les clients. Les allers-retours entre l'intérieur et l'extérieur, cela dit, fatigue toujours un peu - éviter les gardiens, les drones, les yeux indiscrets des balances - c'est devenu tout un art de mettre les pieds à Eden, si bien que les derniers arrivés s'y risquant finissent de nouveau à la porte - ou bien ailleurs, qu'en sait-il, Ki Hyun ?

Une, toutefois, qu'il croise depuis un petit moment déjà, c'est cette femme qui toujours porte un petit morpion dans les bras. Y en a ils ont pas idée de pondre des gosses en pleine apocalypse - Shin, lui, au moins il sait ce que c'est les protections. Hors de question de répandre son sperme comme le pollen quand il butine. Homme de joie a des valeurs, un minima. Et encore plus si c'est pour offrir une vie sous terre aux garnements. Pas qu'il s'inquiète vraiment de leur devenir, mais coréen a été gosse aussi et voilà, indéniablement ils lui rappellent ce qu'il fût. Femme, d'ailleurs, s'improvise maîtresse d'école pour eux - il n'a pas manqué de la voir, elle au centre de ce regroupement de petits merdaillons. Autrement, sans ça et ses quelques salutations, ancien militaire n'aurait jamais eu vent de son existence - compliqué quand on a le regard attiré seulement par ce qui brille de mille feux.

Bref, chaussure claque pour se frayer un chemin à l'extérieur, aller chercher sa son ticket de loterie maintenant avant que tous les idiots du coin ne se ramène le jour même pour retirer leur chance de vivre. Sauf que voilà, il est coupé dans son élan - encore une fois on l'appelle et il a un mauvais arrière goût de déjà vu, bien que cette fois on le hèle bien plus respectueusement. Asiatique se retourne alors pour observer des pieds à la tête, toujours cette mère et son morveux endormi - faciès qu'il reconnait comme étant celui de sa patrie, un point qui peut-être adoucie ou meurtri le visage - qu'en sait-il, il n'a plus d'attache au pays qui l'a enc*lé. "Oui ?" Sourire mielleux, du genre gentillet, gueule d'ange pour en attesté parce que c'est toujours plus simple d'être aimable et à l'écoute quand on veut vite se débarrasser d'une corvée ou d'un problème. Mais sérieux finalement prend place sur le beau visage, interrogateur. "Je connais beaucoup de commerçants mais il va falloir m'expliciter la nature de ta commission."

Par commerçant, c'est plutôt vendeur de drogue qu'il connait - quoique les vagabonds ramenant des trésors cachés comme des livres, il s'y connait un peu aussi. "Oh non, laisse-moi deviner." Il adore les devinettes - mais seulement lorsqu'il les devine. Fin observateur use de son analyse - de quoi une maman peut bien avoir besoin ?"C'est pour le mi-petit ?" A failli vendre son intolérance aux gones en le nommant mioche - mais s'est repris et le sourire Colgate va tellement l'aveugler qu'elle n'y verra que du feu, hein ?

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Made to suffer.

Hazel Scott & @Ki Hyun Park

Hazel a horreur de déranger les autres, ce n'est pas dans sa nature d'agir ainsi mais elle voit les ressources alimentaires de son fils diminuer de jour en jour, de quoi faire réagir son instinct maternelle. Le petit a besoin de lait certes, mais aussi d'aliments solides pour être au meilleur de sa forme. Et si Hazel peut encore satisfaire les besoins en lait de son bambin, elle ne peut malheureusement pas faire pousser par magie des légumes et des fruits. Alors elle ose aborder ce jeune homme, mirage de son époux décédé trop tôt. Ce n'est pas qu'ils se ressemblent beaucoup mais les origines jouent pas mal sur cette sensation de déjà-vu.

Toujours est-il que le jeune homme se retourne et lui accorde un peu de son temps. La mine inquiète, émotion qui ne traverse que rarement la jeune femme hormis lorsqu'il s'agit de son rejeton, elle lui demande s'il connaît une âme suffisamment charitable pour lui fournir à manger. "-J'ai besoin de nourriture." Dit-elle, les sourcils un brin froncés. Commerçant, mot qui glisse étrangement sur la langue du jeune homme. Hazel n'est pas de celles et ceux qui consomment des substances illicites. Une mère ne peut pas se permettre cela, encore moins dans un monde pareil.

Mais il semble comprendre, louchant sur le gamin qui dort paisiblement dans les bras de sa mère. "-Aiden arrive bientôt au bout de ses ressources alimentaires. Il lui faudrait quelques compotes, des petits pots de légumes, ce genre de chose." Elle avise d'un regard protecteur la bouille endormi du petit garçon. Il ressemble déjà beaucoup à son grand-frère, lui aussi mort trop tôt. "-Je ne veux pas risquer de sortir avec lui, il est plus en sécurité ici que dehors."

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