Le chemin jusqu’au Noyau, les énièmes tests sanguin, l’arrivée dans l’immense appartement, les jours suivants, c’est le mutisme qui l’avait emportée. Silence de plomb, à peine accueillie à son arrivée, la fratrie absente, la marâtre semblant ébranlée qu’elle soit encore en vie – constatant certainement qu’on ne se débarrasse pas si facilement de la vermine (la vérité toute ailleurs pourtant). Blonde a dormi, une journée non-stop avant qu’on ne vienne la réveiller, annonçant qu’elle retournerait à l’université, qu’on lui avait trouvé une excuse parfaitement plausible (une maladie pas trop grave, mais suffisamment encombrante pour la garder clouée au lit un mois) qui lui permettrait d’avoir des cours de rattrapage et de possiblement valider son année. Voilà, à peine de retour qu’on la bassinait déjà avec un futur qui jusqu’à présent était plus qu’incertain. Un instant elle songe qu’elle aurait peut-être dû crever dehors – que la mort aurait été moins chiante que la vie. Mais non, de telles pensées ne lui correspondent pas et elle se sent coupable.
Cinq jours plus tard, elle se retrouvait à enrager seule dans sa chambre, balançant tout sur son passage, avant son rendez-vous avec le professeur Hillsborrow. Rien pour apaiser la rage – parce qu’en général dans ce genre de crise on cherche avant tout à rompre des liens, à se faire mal et donc à briser des objets auxquels on tient. Absence de ce fil émotionnel la reliant au passé – seule reste une veste trouvée il y a longtemps, témoin unique de ses aventures. Mais ni photo, ni trésor à chérir de ceux qu’elle a pu aimer – de ceux qui ont disparu. Juste la mémoire qui parfois rappelle que le rire de George était un cristal divin, une bouffée d’oxygène dans un monde qui l’asphyxie. Elle a retrouvé les munitions du Lieutenant dans ses poches, oubliées – ne sait trop quoi en faire à présent, même si l’idée de les lui balancer à la gueule l’avait traversée moult fois – elle jugeait que ce n’était pas suffisant et que ce genre de vengeance était bien trop douce.
Vengeance – qui tourne en tête, mais ne serait-ce pas donner trop d’importance à l’homme et la situation ? Elle avait déjà bien des choses à penser, entre le stage intensif, les révisions pour les examens et éviter les Hawksley au maximum. Est-ce que vraiment Eden était plus reposant que survivre dehors ? Pas sûr. Mais même si ses nuits sont toujours aussi courtes, elle a au moins un lit confortable, des draps propres, de l’eau courante, du papier toilette et pas à s’inquiéter de ce qu’il y aura dans son assiette. Ouais, dit comme ça, ça ressemble au paradis. Sauf que l’ambiance qui règne dans le logement est incroyablement lourde, et elle y est sûrement pour quelque chose. Ne répond pas aux questions sur sa fuite, parle à peine, rechigne à manger à la table familiale, esquive toute tentative de conversation. « Ce soir, tu manges à la maison. » « Non. » « Ce n’était pas une question Elo-... » Se coupe lui-même avant de continuer, comme voulant faire au moins l’effort de ne plus l’appeler par le nom qu’il lui a donner. « Il n’y aura que nous deux et le Lieutenant Briggs. » Regard envoie des éclairs. Père reste de marbre, il sait qu’il ne pourra pas forcer sa bâtarde une énième fois, qu’elle choisira ou non de venir à ce putain de repas. Il n’y a pas plus de discussion, gamine enfile sa veste, prend un sac et se tire – les cours n’attendent pas, eux.
Épuisée – la chercheuse ne lui avait pas caché que ça serait difficile et que ses journées seraient bien remplie. Huit heures d’affilées, parfois plus, non-stop, à peine une heure pour manger, productivité au maximum, six jours sur sept – la tête est en ébullition mais elle a vécu pire, les périodes d’examen par exemple, où l’anxiété grandit et la tête ne s’arrête plus de réfléchir – overthinking. Les pas en rentrant ne la mènent cependant pas à ce Home, not so sweet Home mais à ce bar un peu trop luxueux à son goût – en revanche pas si loin de l’appartement. Ellie est une froussarde et ce fait la frappe en pleine poire quand elle se retrouve à boire son Jägerbomb en espérant être suffisamment bourrée lors du dîner pour que les yeux transperçant des deux hommes ne lui fassent ni chaud, ni froid. Pour ne pas avoir à ressentir toute l’amertume du daron – ou à voir tout le jugement du militaire. C’est elle qui devrait les regarder ainsi, pourtant, non ? Après tout, c’était un enlèvement : elle avait clairement exprimée son refus d’y retourner, avait même laissé son emprunte de dent sur la main gauche du sergent et, quoique certaines situations furent saugrenues et l’ambiance à la complicité par instant, elle n’était jamais revenue sur son choix.
Soupire et s’affale de tout son long sur le comptoir, un homme tente de lui faire la conversation dans un anglais approximatif, elle l’ignore royalement. Il s’obstine, elle veut vomir – il est temps pour elle de partir (non sans prendre une bière avant et payer avec l’argent piqué dans le portefeuille du Padre). Un bitch lui est balancé, doigt d’honneur est retenu de justesse, parce qu’elle sait qu’il n’a pas les talents pour se battre. Impuissance lui fait remonter de mauvais souvenirs, ouvre la bouteille sur le chemin et continue tranquillement à s'alcooliser. Elle ne marche plus très droit lorsqu’elle atteint l’ascenseur – clairement pompette et elle se stoppe une fois sur le pas de la porte, tendant l’oreille sans avoir aucune idée de l’heure qu’il est. Voix grave résonne à l’intérieur, accueillant le Briggs, lui signifiant qu’à quelques minutes près, ils se seraient retrouvés bêtement tous les deux à attendre là – sauf qu’elle en a les clefs. « Allons, détendez vous ! Cette soirée n’est pas faite pour vous mettre la pression. » Elle reconnaît bien la facilité de parole du père, ancien homme politique après tout. « J’espère que vous n’êtes pas végétarien, j’ai commandé la meilleure viande d’Eden. » Su-per. « Nous serons seuls ce soir, avec Eloïse si elle daigne se montrer. J’ai cru comprendre que vous avez fait connaissance sur la route, vous devez la connaître un peu maintenant. » Et vas-y qu’il sous-entend qu’elle a mauvais caractère – pourrait hurler de rire si elle ne tentait pas d’être discrète en rentrant la clé dans la serrure, devant s’y reprendre quatre ou cinq fois avec l’alcool dans le sang.
« Venez, installez vous. » Au même moment, elle arrive à ouvrir la porte, et si fière, elle s’applaudirait même. La discrétion par contre, c’est raté. Son entrée est remarquée par un père suspicieux tout d’abord, puis blême lorsqu’il voit la bouteille en main. Tout à fait l’effet qu’elle attendait. Sourire, toujours de ceux triomphants et indociles. « Mon sauveur ! » L'ironie sur le bout de la langue. Ouvre bien grand les bras, dans un air théâtral pour saluer son -en réalité- kidnappeur. Puis ferme la porte à double tour, quitte les converses sans défaire les lacets, du bout des pieds, un peu bancale. « Bon bah ça va, j’suis pas tant en retard. » Comme si ça l'inquiétait réellement alors qu'elle ne savait même pas si elle allait se pointer. Un coup d’œil à la longue table trônant dans le séjour-salle à manger, simplement décorée de l’argenterie, en attendant que l’apéro soit servie. « Tu es bourrée. » Constatation pleine de reproche alors qu’elle va pour poser ses affaires dans sa chambre. « NoooOooOon. Moi ? Jamais ! » L’air offusqué, manie et geste volontairement décuplés pour la faire mentir. Pompette, pleinement consciente de ses actes et répercussions, mais légère et courageuse. Pas un regard encore accordé à l’invité avant qu’elle ne revienne, les mains dans les poches du jean slim, veste également enlevée, laissant apparaître une tenue confortable, mais contrastant avec le costard du père et la tenue bien habillée du militaire.
Enfin elle le détaille – et c’est qu’il est charmant dans cet uniforme. « Dites donc, on pourrait presque croire qu’vous êtes un homme bien là-dedans. Si on oublie qu’vous êtes un kidnappeur. Vous enlevez aussi les enfants ? » Viens s’asseoir à la table, toujours bière en main, nonchalante comme à l’habitude. « Bon, ça su- » Maître de maison s’apprête à recadrer la fille quand celle-ci le coupe. « J’espère que t’as sorti le bon vin, j’ai pas encore finit de me murger. » Le ton dur laisse un père perdu – on ne lui a jamais manqué autant de respect et si d’habitude il fait le choix de ne pas se laisser faire, pour ce soir, il préfère l’ignorer. Petite télécommande est sortie, et un bouton plus tard, un plateau arrive sur ses roulettes téléguidées, foie gras et vin en entrée. Hawksley se déplace alors un peu, faisant en sorte que chacun puisse se servir à sa guise. « Comment se porte votre main, Lieutenant Briggs ? » Ouille, rappelle du méfait – mais il l’avait bien mérité, dans le fond, non ?
(c) oxymort
Sujet: Re: It's a date ? Absolutely not ! [Stanlie] Mar 7 Sep - 23:26
L’appartement est divinement bien décoré – il est certain qu’un membre de la famille a du goût, quoiqu’on ne puisse comparer la bâtisse avec leur ancienne demeure de Londres – que ça soit dans la superficie ou le luxe des objets et meubles. Ils avaient bien dû se séparer de quelques trésors en arrivant ici, mais qu’importe, la sécurité avant tout, non ? Les photos, toutefois, valeur sentimental, ont toutes été emportées et redisposées – Elizabeth a ce besoin de savoir ses enfants présents même lorsqu’ils ne sont pas à la maison. Et ainsi, de toute part on peut observer la fratrie unie, certainement les images les plus joyeuses de la maison. Déjà lorsque les parents s’ajoutent, l’on a l’impression qu’il règne une forme de tension dans le paysage, mais cela ne serait visible que pour un œil aguerri, tandis que les très rares photos où Eloïse trône, les regards sont mornes. Il n’y en a pas d’elle adulte, ni même seule – sûrement qu’elle n’était pas assez souvent chez les Hawksley pour qu’on daigne lui faire un peu de place même dans la décoration. Elle ne s’en est jamais plainte – au contraire, elle n’a pas bon souvenir des quelques photos de famille qu’ils ont prise, tous ensemble, entre les railleries incessantes et les yeux froids de regrets. Seul manque un souvenir de George à son sens, parfois peut-être de sa mère et David, mais là encore, elle doute.
Calian n’est pas le genre à aimer s’afficher en public – au contraire, lui et sa femme ont toujours mis un point d’honneur à garder le privé secret et à n’afficher aux yeux du monde que les moments joyeux de leur existence. Mais depuis l’arrivée d’Eloïse, tout avait été remis en question – et cette image de famille parfaite, brisée. Ils sont humains, après tout, mais vivent dans un univers où l’erreur n’a pas sa place, et le père de famille en avait commise une belle. Évidement, sa fille est en retard, et il lui vient un instant à l’esprit qu’elle ferrait mieux de ne pas se montrer. Pourtant jusqu’à il y a peu, elle ne s’était jamais montrée si indocile, rebelle. Quoiqu’un peu farouche et avec un répondant bien à elle, le respect avait toujours eu sa place entre eux, l’éducation primant sur la colère que cette petite devait nourrir depuis des années. Un soupire qui s’échappe alors que la porte d’entrée se réouvre, tandis que lui-même tente de mettre à l’aise son invité, la vision de cette gosse, grandit, le ramène tout droit à sa culpabilité. Bon Dieu ce qu’il regrette ce temps où elle lui courrait après, quémandant innocemment son attention. Peut-être que s’il lui en avait donné un peu, elle ne serait pas un fardeau plus lourd à porter – ou ne lui renverrait pas cette apparence d’animal blessé, pauvre enfant dont il ne sait comment témoigner l'amour.
Quel accueil en tout cas, alors que le maître de maison a tenu à ce que le Briggs se sente bien, quoique taciturne, voilà que la gosse fout tout en l’air, offrant une pitoyable image de l’éducation Hawksley. Ravie, Ellie salue son ravisseur, un peu maladroitement, mais maîtrisant encore ses mouvements. Non, elle ne rate pas une miette de la scène, s’en délecte – entre la honte du père et le jugement du lieutenant puis son malaise, voilà que tout ce qui l’effrayait se déroule, mais attise finalement bien plus d’amusement que de gêne en elle. L’alcool devrait être prescrit par les psy. Bouteille de bière presque finie en main, constatation du père ne fait que rire un peu plus la môme, tandis que cette dernière fait un tour dans la chambre -blanche, peu remplie, impersonnelle- avant de revenir, une tirade cynique sur les lèvres. Il ne répond pas de suite, Stanley, le visage toujours un peu blême, parfois un peu rouge, sûrement perdu par la situation – elle l’avait habitué à plus cru, pourtant, non ? Très envie d’ailleurs de lui demander de mettre plus d’entrain dans son strip-tease, mais c’est lui qui la coupe, reprenant contrôle de la situation. « Seulement des enfants pas sage. » Error404 lorsqu’il lui touche le nez. WHAAAAT ? Ça fait vide dans l’esprit et des galipettes dans le corps, lui faut un moment d’adaptation pour se reprendre en main, parce que ce coup-ci, on lui avait jamais fait. Ou peut-être sa mère affectueusement quand elle avait quatre ans. « M-touche pas ! » Qui perd de sa splendeur en reculant d’un pas alors qu’il l’ignore royalement.
Maudit soit-il, le père aussi qui reste de marbre quoique fortement suspicieux face à cette scène, les sourcils à peine froncés, tente même de lui dire de se calmer alors qu’elle le coupe et brise de son autorité – mais revers de main intime de venir s’installer et elle n’a pas le cœur à rechigner – enfin elle a surtout la dalle. Voilà, avachie sur sa chaise, bouteille qu’elle finit d’une traite et pose parterre. L’hôte appelle son chien technologique – un chariot à roulette et gamine applaudit lentement, surtout à la vue du vin, mais n’en pense pas vraiment moins. Pas le genre du géniteur de servir les invités, on laisse ça à la bonne femme normalement. L’ambiance lourde est presque rompue par la nouvelle question et certainement qu’on peut voir un peu de culpabilité sur la bouille de la bâtarde, avant qu’elle ne se ressaisisse parce que fuck, il l’avait bien cherché aussi. Finalement, Monsieur les gros bras rassurent en faisant une belle énumération de son palmarès de blessures, toutes tellement plus douloureuses que les pauvres crocs de la seule femme de la pièce. « J’penserais à arracher un bout alors la prochaine fois. » Fait rouler le vin dans le verre qu’elle s’est précédemment servie, ni amusée ni froide, simple déclaration. Soupire du père, exaspéré par la bienveillance de sa fille. « M’en voilà rassuré, du moins concernant Eloïse. Pour le reste je ne peux qu’imaginer l’horreur du champs de bataille. Vous étiez soldat dans l’armée américaine avant, n’est-ce pas ? » Question n’en est pas vraiment une, c’est justement parce que le dossier du lieutenant était irréprochable et bien fourni qu’il l’a recruté, peut-être avec l’aide du fils.
Les pensées ne sont plus aussi limpides, là, elle sent l’alcool lui monter – pose le verre alors et se nourrit un peu, quoique ce luxe dans l’assiette lui donne envie de gerber. Elle est passé par les bidonvilles Ellie – elle a saigné pour avoir de la bouffe aussi. Y en a à qui ça ferait pas de mal de se priver un peu. Elle mange peu toutefois, histoire que l’estomac se réhabitue. Depuis son arrivée c’est comme ça, elle ne mange que le strict nécessaire et dans le miroir, les côtes sont de nouveau apparentes. C’est ainsi depuis un an maintenant, n’a encore pas réussi à retrouver les kilos perdus depuis la fin du monde, pas tous du moins. Ça viendra – ça ne l’inquiète pas trop à dire vrai, pas vraiment le genre à faire attention à l’alimentation. « Hum, en tout cas je vous remercie d’avoir retrouver ma fille, comme vous le voyez, elle n’a pas un caractère facile mais... » Fin de la phrase – mais quoi ? Déjà le mot fille qui sort de sa bouche estomaque. Pourrait presque se sentir émue, sauf que finalement, il décide de la conclure sa putain de phrase. « … elle a vécu des moments difficiles ces dernières années. Je sais que ça ne pardonne pas tout, mais je ne peux me résoudre à lui en vouloir, vous comprenez ? » Si Ellie ne le connaissait pas si bien, elle jurerait que c’est de la maladresse. Mais non, il est en train de livrer une partie de sa vie, à elle, sans avoir aucune idée de ce qu’elle a traversé exactement et la fait passer pour une ado à problème. « Tire toi la couverture encore, dans ton immense bonté, oh mon père adoré, si bon et généreux ! » Dramatique, reprend le verre et hop, cul-sec.
Seule apaisement au courroux, l’air ailleurs du gorille, comme un air de nostalgie qui traverse les pupilles, espère qu’il n’aura pas entendu tout ça, qu’il ne la prendra pas pour cette gosse dont on doit excuser le comportement parce que tu comprends, elle n’a pas eu le cadeau qu’elle voulait à son anniversaire. Répugne cette image, car qu’importe ce qu’elle a pu vivre, ça ne sera jamais prétexte au moindre de ses comportements. « Et vous alors ? Vous êtes assez âgé pour avoir une femme et des enfants me semble-t-il ? » Ellie a déjà sa petite idée, résumé en deux prénoms donnés, témoins de quelques minutes de complicité. Curieuse étrangement, attend de connaître la réponse, tout en se servant un nouveau verre et tandis que le plat principal arrive, entretenant l'alcoolisme léger.
(c) oxymort
Sujet: Re: It's a date ? Absolutely not ! [Stanlie] Mer 8 Sep - 22:48
Hawklsey a les sourires et les mots aisés, l’habitude d’avoir le monde à ses pieds. Il a la patience de ceux qui dirigent et le charisme de ceux qui règnent. C’est ainsi depuis toujours, mais il reste humain et parfois oublie que certains sont comme insensible au charme. Le lieutenant engagé en fait parti – mais il a ramené sa petite bâtarde et ça, ça n’a aucun prix. Le chèque d’ailleurs attend patiemment sur le buffet à côté de la télé d’être remis, jolie somme à plusieurs zéros qui permettra au Briggs d’acquérir n’importe quel objet souhaité – à quelques exception près. Voilà la valeur d’Eloïse donc. De quoi vexer encore la gosse quand elle verra le bout de papier passer sous ses yeux. Calian n’est pas si bête pourtant, il se doute que rien de la situation ne plaît à la môme – et que reconstruire leur relation derrière sera compliqué, d’autant plus qu’elle s’esquive toute la journée et coupe court à chaque conversation. C’est d’ailleurs un miracle qu’elle daigne montrer le bout de son nez. Nez rouge, un énième signe évident d’un début d’alcoolisme.
Personne pour l’aider, elle n’en demande pas tant, tout à fait autonome, accueil glacial, elle n’espérait pas moins. L’air triomphant sur la bouille immature ne se meure pas avant d’avoir franchi le pas de la porte de chambre, où, un instant elle songe à se changer. Ouais, non, un débardeur et un jean c’est bien suffisant pour un dîner – et surtout elle n’a pas l’habitude de se déguiser. Réflexion est faite à son retour, tente de piquer, mais enfant est remise à sa place et se trouve surtout démunie suite au contact, laissant le militaire remporter cette bataille – mais pas la guerre. Enfin, ils s’installent, elle face à la baie vitrée qui par la nuit renvoie l’illusion de l’appartement se mourant dans les lumières de la ville – en tête à tête avec l’invité. Si le père n’était pas là, on jurerait que c’est un dîner aux chandelles – sans les chandelles. Termine fond de bouteille d’une traite – surprend du coin de l’œil Stanley, presque surpris. Sourire en coin, clin d’œil – et ouais mon p’tit, des années de pratique étudiante, incrustation aux soirées médecines et un bon groupe de potes alcoolos et toxicos en prime, elle a été éduquée par les meilleurs - la crème de la crème. Un palmarès qui rendrait bien du monde jaloux de ses conneries.
Et les voilà servis, entamant leur dégustation, conversation s’orientant sur les blessures de guerre – pique de nouveau envoyée, à laquelle il ne réplique que par un sourire et sa tête penchant. Il lui fait quel genre de cirque là ? On dirait un petit chien qui ne comprend pas l'ordre donné. Sceptique mais le tambourin s’affole de ne pas avoir toutes les cartes en main pour comprendre ce qui se déroule dans la tête du soldat, voilà qu’elle prend la bouteille, se servant son premier verre de vin – un qu’elle va déguster cette fois. Sauf que l’autre charogne la lui pique et si son regard pouvait l’être, il serait assassin. Calian, en bout de table, ne peut que rester témoin de ce qui se joue entre les deux, lui aussi suspicieux mais pas aveugle à cette forme de complicité qui s’était crée, redécouvrant sa fille avec un contexte dans lequel il ne l’avait jamais vu. Pas souvenir de l’avoir déjà entendu parler de ses amis ou de sa vie privée – mais avait-il seulement pris le temps d’un jour l’écouter, alors qu’il avait toujours consacrer tant d’effort à l’ignorer. Comme si elle n’existait pas. Changement de sujet encore, tente d’en apprendre plus que ce qu’il en sait déjà sur celui qui à ramener la chair de sa chair.
Frère – famille, Ellie a la tête qui commence à tourner – un nom qui s’imprime déjà à l’entente des révélations – Carter, mentionné – les deux sont-ils liés ? Briggs ne s’était pas épanché sur la signification des prénoms données aux armes, il n’y en avait pas besoin, il était évident qu’ils avaient de l’importance, qu’ils correspondaient à des proches, disparus. Mais était-ce le frère dans ce cas ? Bâtarde ne peut que supputer. Préfère fermer son clapet pour une fois, parce qu’indéniablement, ça la ramène à tout son bordel familial et à l’absence de George. Simple hochement de tête de la part du maître de maison alors que gosse se fait plus intéressée par ce qu’il y a dans l’assiette, un moyen de contenir les émotions qui déjà en temps normal sont difficiles à contrôler, mais avec l’alcool sont exacerbées – prêtes à la submerger. Ce n’est qu’une question de temps.
Les langues finissent par se délier – blonde a horreur qu’on parle d’elle ainsi, comme si elle n’était pas dans la pièce – elle y trouve une douceur pourtant qu’il ne lui a jamais directement témoignée, fracassée par des mots qu’elle ne peut pas apprécier, vide le verre, passe sa frustration sur quelque chose, l’air amusé et ironique – un moyen comme un autre de cacher ce qu’il réside en son cœur - malheur. Mais vraiment, plus le temps passe et plus son malaise grandit – elle ne va pas tarder à s’allumer une clope, drogue de l’apaisement. Cerise sur le gâteau, Stanley ouvre la bouche – conseil, mère, frère. Elle se recule sur sa chaise, mouvement qui n’est pas insignifiant, comme pour prendre du recule face à la scène – fait tomber la bouteille à ses pieds. « Shit, j’vais jeter ça. » Exutoire temporaire tandis qu’elle court presque jusqu’à la cuisine – maladroitement. Quelques secondes lui permettent de respirer un peu – d’oublier l’image de la mère, morte dans les premières heures de l’apocalypse. Et elle, est-ce qu’elle avait essayé de la retrouver ? Doute persistera toujours, puisque ni David, ni George n’en ont jamais parlé. A-t-elle seulement manqué à quelqu’un lorsqu’elle était seule à vagabonder d’un lieu à un autre ? Tourne le robinet pour prendre un gorgée d’eau, calme ses démons et retourne dans la salle à manger où la conversation semble avoir reprise – ou continuée.
« Vous semblez avoir eu une famille aimante, lieutenant Briggs. C’est aussi ce que j’aimerais pour la mienne, mais nous avons encore beaucoup à reconstruire. Les rancœurs, vous savez. » Sourire coupable alors que pour la première fois Hawksley apporte son verre à ses lèvres, se délectant du vin. « J’ai connu meilleur, mais les denrées ici sont plus rares. » En parlant de la bouteille. C’est à cet instant que femme revient et se réinstalle, sous les yeux curieux du père, mais la langue cette fois est tenue. Ce n’est pas la première fois qu’elle fuit – courage ne fait qu’à moitié parti de son vocabulaire. Énième question – qui aura au moins pour mérite d’attiser la curiosité d’Eloïse – il s’étouffe, elle rit, lui tendant une serviette du bout des doigts, penchée en avant mais grand garçon utilise la sienne. Un instant qui aura effacé l’accident juste avant. Sourire moqueur collé au visage – il répond enfin à la question, gêné. Personne dans sa vie – ça la surprend un peu, honnêtement, y a toujours des folles pour supporter des caractères de merde quand le type est bien foutu et a une belle gueule en prime. Origine hongroise – elle peut presque le voir, à l’inverse de sa déclaration, faire mu-muse avec les russes. "Si c’est pas les femmes c’est peut-être les mecs." Qu’elle retient en entendant la fin – trou béant – putain d’empathie à la con – grimace pour se retenir de chialer comme une gosse – trop de sang dans l’alcool – ou trop d’alcool dans le sang, elle sait plus là.
« L’avantage c’est que si ton gosse est trop chiant tu peux le laisser crever dehors et le soucis est régler. Personne pourra te le reprocher. » Un accident est si vite arriver – et la pique au père n’en était pas vraiment une, réflexion presque trop sérieuse si on oublie les yeux brillants et la voix lasse. Ca commence à tanguer sévèrement tandis que le père réutilise sa petite télécommande, nouveau chariot arrivant, plus rempli que le précédent. Viande bovine est sortie, accompagnée de patates particulièrement bien préparées et une bouteille de rouge cette fois-ci pour accompagner le tout. Dans son coin, Eloïse bataillant contre des pensées intrusives, la tête qui tourne et la larme, unique, qui roule sur la joue – essuyée du revers de main. « Eh bah, c’est du beau morceau. » Ca la change des lapins et autres petits bestiaux. Siffle pour faire croire que la situation est sous contrôle, les joues meurtries par la rougeur et la chaleur – ouais, plus d’alcool pour elle là, sinon ils vont avoir le droit au saule pleureur – et elle a HORREUR de ça, gosse qui ne pleure quasiment jamais, seule émotion qui ne déborde pas. « J’espère juste que vos trucs génétiquement modifiés bousillent pas l’estomac. » Père sert tout le monde de nouveau. « C’est à toi de nous le dire Eloïse, c’est toi qui étudie la biologie ici. » Offusquée, faussement. « Tu seras surpris d’apprendre que j’ai pas pris spé faune. » Encore un truc qu’il ne sait pas sur elle – mais est-ce que ça la choque encore ? Pas vraiment.
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Sujet: Re: It's a date ? Absolutely not ! [Stanlie] Ven 10 Sep - 0:19
Elle voit le jugement dans les yeux – la tenue qui n’est pas suffisamment élégante, l’exigence qu’on pose sur les épaules. Mais wesh, c’est un dîner, pas le festival de Cannes. L’invité c’est le ravisseur, même pas le Chef de l’Armée en personne. Donc ouais, jean et débardeur c’est bien plus que suffisant pour les beaux yeux des deux hommes présents. Puis excusez la, elle vient de sortir d’une dur journée de labeur – et d’un bar un peu miteux mais well, on fait avec ce qu’on a hein. Au moins ils ont la décence de ne pas faire de remarques. Enfin – jusqu’à ce qu’il lui touche le nez, marque bien trop affective d’ordinaire, ici se moquant clairement et notant une complicité qu’elle pensait avoir brisé lorsqu’ils s’étaient quitté. Prise au dépourvu – à quoi il joue putain ? Alors qu’Hawksley ne relève pas, sauf peut-être le fait que le militaire est bien à l’aise avec sa fille, comprenant qu'ils ont eu le temps de créer une forme de lien sur le chemin.
Enfin assis, une table pour les séparer – Calian se dit que c’est mieux ainsi, ça leur évitera de se sauter dessus, que ça soit pour se battre ou mener un tout autre genre de guerre. Il ne sait plus vraiment – mais est-ce que cela le concerne ? Disons qu’il y a une limite à ce qui peut se dérouler sous ses yeux. Il ne peut s’empêcher de grimacer à la vue du clin d’œil, la connaissant, ironique, mais qui pourrait faire penser ou espérer bien des choses à leur invité. Les hostilités continuent alors, suite à la question sur la morsure – une chose de plus qui pouvait lui faire honte chez Eloïse, quoiqu’il connaisse parfaitement ses bons côtés de part les quelques récits d’Eleonore, lorsqu’elle était contrariée, les mauvais ressortaient bien facilement – émotive, crue, violente à présent alors qu’il ne l’avait jamais vu se battre autrement que verbalement avec le reste de ses gosses – mais que c’était-il passé pendant son absence ? Assurément, il aurait dû prendre sa bâtarde avec lui lorsqu’il est venu ici – mais elle aurait sûrement refuser de laisser les Fairley derrière elle. Les voilà à présent en train de se disputer la bouteille de blanc. Patiemment, l’hôte observe la scène, incrédule mais de marbre.
Enfin nouvelle question pour briser cette dynamique pour le moins pitoyable, mais l’ambiance s’alourdit. Les langues se délient, les confessions s’entendent. L’alcool, parfois, est un bon médicament – ce coup de pouce pour aider à parler et a en apprendre plus. Briggs en est victime, semblant tenir l’alcool aussi bien que la demoiselle. Les mots sont des lacérations – et sans vraiment le vouloir, Eloïse fait tomber la bouteille, trouvant sa porte de sortie et s’esquivant ainsi, prenant un peu de temps pour réorganiser les pensées et les émotions, tirant une croix sur les questions portant sur la défunte mère. C’était cette femme qui l’avait élevée, bien sûr qu’elle l’aimait ! Non ? Eh merde – la voilà en proie à des caprices de gosse, comparant les gestes d’affection entre elle et la fratrie. Et assurément, George a toujours été plus couvé qu’elle. Mais c’était normal après tout, c’était le petit dernier. Damn it, s’étendre sur le sujet ne l’aidera pas – respire et fait son retour comme si de rien n’était. Sauf que si, apparemment le père a encore raté une occasion de se taire – et Briggs est plongé dans ses plus sombres pensées. Puis de nouveau, question franchit les lèvres ce qui cette fois à le don de faire rire la plus jeune qui théâtralement vient à sa rescousse – même si c’est un peu tard.
Mais l’ambiance rapidement change de nouveau pour elle – et cet ascenseur émotionnel commence à l’épuiser. Une larme roule – elle l’essuie aussi vite que possible et voit le militaire se précipiter, bras tendu et torse surplombant la table, vers elle. Réflexion fait naître au coin des lèvres un sourire, tandis que le daron se retient de se facepalmer. « C’est gentil, Love, merci. » Raillerie délicate, légère – comme on l’envoie à l’amant – sauf que le garçon est loin de l’être. Père ne peut que regarder cette scène affligeante, l’impression d’y voir un vieux couple et leur scène de ménage se jouer entre les quatre murs de SON appartement. Heureusement, le vin est là pour noyer ses pensées et le désarroi. Lui aussi, à force, allait finir saoule, d’autant plus suite à la remarque de sa chair, le renvoyant quelques années plutôt au coup de fil passé et à sa froideur, ne lui donnant que les coordonnées d’Eden, sans ne jamais venir la chercher. Pas le seul à plonger en enfer, les derniers mots cédés, que seule Ellie peut capter. Promesse – échec. Elle doit se retenir à la table, devient blême – folie tourne. L’impression que la langue de Stanley lui reproche sa propre incompétence à protéger, mais c’est de lui dont il parle – et soudainement, ils ont bien plus à partager qu’une table et une viande trop nerveuse.
Calme règne, silence de plomb – chacun concentré sur l’assiette, tentant de ne pas laisser les émotions les dépasser. Ellie ne tient plus, pose un coude sur le meuble et sa main sur le front, couvrant les yeux, laisse échapper trois notes bancales qui pourraient ressembler à un rire si elle ne paraissait pas aussi ébranlée. Et finalement, trouve le courage de casser cet enchaînement – passant semblant de colère et d’injustice sur la viande qui n’a rien demander – mais de toute façon, si morceau est dans leur assiette, c’est qu’il n’y a plus rien à attendre de lui, pas même une protestation. Gamine cela dit, est moins piquante et son ton bien plus doux depuis la dernière révélation. Voudrait bien se resservir un verre, malheureusement elle ne tiendra pas debout avec un nouveau coup dans le nez. Au final, l’on révèle les études, donnant une petite indication tout de même sur la majorité atteinte, peut-être aussi sur le fait que la gosse est suffisamment studieuse pour aller à l’université. « Moi j’suis spécialisé faune par contre. » Mâche les mots, attise un rire qu’elle tente de contenir. « Tu t’y connais en chatte donc ? » Qui lui échappe bien trop naturellement, un sourcil relevé et l'air particulièrement intéressé et moqueur – ça y est, il n’y a plus ni limite ni retenue. « Eloïse ! » Roulement des yeux à l’entente du prénom et de l’air offusqué du Padre. Keep calm man, that’s just a joke. Et enfin, Briggs éclaire le fond de sa pensée, critiquant ouvertement la malbouffe qu’on leur offre. « Ha ! » Cheh, rit un peu et tente de rester digne, sinon elle serait déjà écroulée sur la table à taper du poing.
Remarque, cela dit, ne plaît guère à l’hôte, qui contient son mécontentement et commence sérieusement à perdre patience avec ces deux idiots pompets. « Vous serez surpris d’apprendre qu’en effet, avec le peu de ressources que nous avons, trouver une bonne viande de nos jours est compliqué. J’ai bien essayé dans acheter à un chasseur, malheureusement au vu de la fête qui se prépare, tous les stocks étaient déjà vidés. » En explication – moment de honte qui est vite passée. Ellie ne touche quasiment pas à l’assiette, elle n’est pas en manque de fer, a pu chasser un peu en dehors d’Eden grâce à la technique de Karl. Même les patates sont laissées à l’abandon – l’estomac serré malgré la légèreté des derniers instants – appétit coupé par les révélations. Perdue un petit moment dans ses pensées, elle revient sur Terre lorsque le lieutenant quitte la table pour aller se réfugier dehors, une fois que le maître de maison le lui autorise. Blonde suit du regard les mouvements, lents, abattus – soupire et se lève à son tour. « Reste là. » Hochement de tête, même si savoir qu’ils vont de nouveau être en tête-à-tête ne lui plaît pas vraiment – ils doivent avoir des choses à régler tous les deux.
Avant de le rejoindre, la bâtarde passe chercher son paquet de clope, un truc qui lui a putain de manqué dehors – la prochaine fois elle fera ses stocks. Et la voilà dehors, refermant la porte vitrée derrière. Il fait frais – en hauteur, les températures baissent. « Ah bah. » A la vision du soldat clope au bec. « J’venais t’en proposer une mais j’vois que c’est pas nécessaire. » Puis limite, rangeant le paquet à l’arrière de son jean et allumant sa cigarette, la concentration de mise. « Fais gaffe à pas tomber – j’veux pas me faire accuser de meurtre non plus. » Tente un peu d’humour noir – pourtant elle aussi s’accoude, postée à cinquante centimètre du gorille qui ressemble plus à un chien battu dans l’instant, une vision qui brise un peu le palpitant et l’oblige à détourner les horizons vers la ville. Lumières sont flous, ont raison de sa sobriété aussi. Mais spectacle est somptueux quand elle croit voir les lueurs danser sous les yeux. Cherche les mots pour essayer de le réconforter, mais vraiment, l’alcool coule à flot dans les pensées. Est-ce qu’elle doit réitérer le geste de la dernière fois ? Instinctivement, elle dirait oui – après mûre réflexion, elle se souvient de forme de trahison. Pouaaaah, pourquoi c’est si compliqué, les relations ? « Ecoute, j’sais pas comment on fait pour donner un peu de réconfort aux gens, mais, tu peux pleurer sur mon épaule, là, regarde, c’est du solide ! » Tape sa propre épaule pour montrer qu’elle est costaud.
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Sujet: Re: It's a date ? Absolutely not ! [Stanlie] Sam 11 Sep - 0:22
Légèreté des piques apaise la rancœur – par moment fait oublier la trahison. Peut-être que c’est volontaire, parfois, de ne pas se rappeler que c’est cet homme qui l’a privée d’un peu d’espoir et de sa liberté en la ramenant dans cette prison dorée. Sûrement parce qu’il est confortable de lui parler, que malgré l’air bougon que blonde peut arborer lorsqu’il lui répond du tac au tac, ça l’amuse – évidemment, sinon elle ne répliquerait pas autant qu’elle le peut. Complicité choque – étrangeté de cette nouveauté, découvre des sensations avec lui qu’elle n’a encore jamais eu l’occasion d’expérimenter ailleurs – ou si rarement qu’il lui semble parfois qu’elle ne les a vécu qu’en rêve – rêves profonds et lointains d’une gamine encore pleine d’espoir. Stanley est réconfort, même s’il peut se montrer brute et parfois ramener à la réalité de la pire des manières qui soit, sans même en avoir conscience. Et ça terrifie, lorsqu’elle y réfléchit. Il n’est pas encore trop tard pourtant – ils ne sont pas aimantés – loin d’être attachés -n’est-ce pas ?- alors après ce repas elle lui rendra les munitions et ils n’auront plus rien en commun.
Sauf que ça serait bien trop simple – et God knows que les relations d’Eloïse Fairley ne peuvent être décrite par ce mot – simple. Non, qu’importe les efforts mis, toute sa vie s’est résumée à déambuler parmi la complexité de ses liens – funambule qui par milliers de fois a dégringolé. Seul trésor parmi les ombres de ceux qui la pointaient du doigt – George, trônant tel un soleil dans les ténèbres, sourire si bienveillant et doux qu’elle se sentait pousser des ailes. Quel ironie de s’être convaincue que le gosse avait besoin de sa grande-sœur pour survivre alors que l’inverse était plus réel. Ainsi, ce qui se forge en l’instant éveille la curiosité – et c’est sûrement ainsi qu’elle combat les peurs qui l’accablent, l’envie de savoir jusqu’où ça peut aller et de profiter un peu de la chaleur que le Briggs lui offre sans, vraisemblablement, rien demander en retour. Gamine saute sur la moindre occasion pour mener la danse – comme au moment où il s’étouffe et qu’elle tente de lui refourguer presque sensuellement son mouchoir, sourire en coin scotché aux lèvres. Occasion suivante lui est accordée en signe de représailles et le voilà tentant d’essuyer une perle salée à présent invisible. Réponse par des mots d’amour – invité se prêtant au jeu.
Un, ceci dit, que la situation agace à mesure que le temps passe, c’est le Hawksley. Il peinait déjà suffisamment avec sa bâtarde pour que le lieutenant – engagé et invité à mettre les pieds sous la table dans SA demeure, rappelons-le – ne la pousse un peu plus dans ses mauvaise manies. Calian a donc à présent deux gamins sur les bras, dont l’un est un adulte qu’il pensait jusqu’alors un peu plus sérieux. Pour autant, il ne les coupe pas dans leur délire, quoique la vision de sa fille si blême après la dernière remarque du militaire le laisse pantois. Il fallait être un idiot finit pour ne pas comprendre un peu ce qu’il voulait dire par "je me reproche tous les jours de ne pas avoir tenu la promesse faite à mon père, aka maintenir tout le monde en vie". Traduction : il n’avait pas réussi à protéger des êtres chers pour lui, le reste de sa famille – et ça, Ellie sait mieux que quiconque ce que ça signifie. Inquiet pour elle, au courant de son plus grand traumatisme bien qu’il ne fût pas présent le jour où elle l’appris, contrairement à ses autres enfants, Calian amorce un premier mouvement pour aller chercher sa main – mais se ravise parce qu’il sait qu’elle n’en voudra pas et plutôt, jette son dévolu sur le verre de vin.
Heureusement -plaît-il ?- sa chair recommence avec ses remarques – qui cette-fois indigne le père. Ce n’est pas ainsi qu’on l’a éduquée, cette gosse enfin ! Visiblement, il coupe Briggs qui devait s’apprêter à répliquer – et ça, Calian en est un peu fier, parce qu’il n’est plus certain de vouloir voir les deux aussi proches. Au tour d’Eloïse de recevoir un clin d’oeil, complice, plein de promesses qui n’en sont pas vraiment – juste des mots, pas d’actes pour en attester – pas qu’elle veuille passer à la casserole, mais, bref, passons à autre chose, voulez-vous ? Plutôt, on lui fait une réflexion sur la qualité merdique de la viande, ce qui a le mérite de faire rire la blonde – et faire siffler les oreilles d'Hawksley. Recadrage neutre, qui ne pourrait être bien pris. Qu’importe, voilà l’hôte excédé par l’attitude des deux mômes et son impuissance face à la détresse de sa fille. Briggs intervient de nouveau, et la seule femme de la pièce se délecte de cet échange, presque prête à faire la remarque que "lorsqu’ils auront finit de comparer qui a la plus grosse, qu’ils lui fassent signe". Oh oui, elle rêve de pouvoir la sortir celle-ci – mais au bon moment ce serait mieux. Le père cela dit, décide de ne pas répliquer, et d’un revers de main, efface ce qu’il vient de se passer, prenant considérablement sur lui pour ne pas foutre tout le monde dehors et avoir la paix lui aussi.
Fascinée par la détermination que l’américain a à finir son plat, Ellie en oublie le sien. Il passe la sécheresse de la viande avec l’alcool – qui n’est en rien hydratant, bien au contraire. Lui aussi a une bonne descente, mais généralement, on dit ça pour les liquides se buvant cul-sec et pas pour du vin qui doit être dégusté. Non, il ne va pas bien et il faudrait être aveugle pour ne pas le voir, d’autant plus qu’il demande à sortir. Elle s’est calmée entre temps, son choix d’arrêter de boire qui a dû aidé – gamine immature mais pas irraisonnable, grande-fille sait se gérer seule tout de même. Soupire, intime au père de rester ici même s’il n’aurait sûrement pas daigner bouger son cul pour son invité. Dans la chambre, elle passe prendre son paquet de clope – son briquet à l’intérieur – observe un petit instant si quelque chose pourrait lui être utile, mais il n’y a qu’un lit et quelques meubles à moitié remplis. Même pas une guitare pour contrôler l’atmosphère. Depuis le temps, elle a dû perdre de ses capacités – retour à la réalité ; ce n’est pas le moment.
Une fois dehors, elle commence à regretter son choix de le rejoindre – parce qu’il a juste l’air de vouloir profiter de sa solitude, mais bon, il n’est pas le seul à avoir besoin de sa dose de nicotine quotidienne, quoiqu’elle a bien réduit sa consommation après sa petite escapade à l’extérieur d’Eden. Tente un peu d’humour, essaie d’arracher un sourire alors que les yeux ne quittent pas le profile et que les mains s’occupent en allumant sa cig’. Mais rien, il reste silencieux et honnêtement, ça l’agace, parce qu’elle se voit en lui, qu’ils sont miroir parfois. Propose finalement de pleurer sur l’épaule, ton de la confidence, gestes exagérés par ce qui coule à flot dans le sang. Là – voilà, sourire est décroché, rire aussi, même s’il est vide de joie et éclipsé par le sérieux de la situation. Elle ne force plus – ferme enfin sa grande bouche pour tirer se concentrer sur la nicotine qui s’insinue en elle à chaque bouffée. La tête lui tourne un peu mais bien moins qu’auparavant, enfant est calme à présent et garçon pose des mots sur ses émotions, finalement.
Pardon – concept lui est étranger, lui aussi. On a attendu toute sa vie qu’elle pardonne mais lui a-t-on un jour jamais donné de véritables raisons de le faire ? En vouloir au monde entier c’est exister un peu, non ? En vérité, réflexion n’a pas été faite – elle lui en veut, c’est certain, pour les mêmes raisons qui l’ont poussé à la ramener. Revenir – ça marquait son échec à elle, aussi – alors ils sont beaux ces deux guignols à tenter de réparer l’irréparable ou à fuir l’inévitable. Ils étaient morts – et aucun de leurs actes ne pourra y changer – si bien qu'ils peuvent l'accorder au présent. Et putain c’qu’elle veut chialer – mais rien ne sort, parce qu’enfant refuse toujours d’y croire, trop concentrée sur le récit du presque-ami. Elle – c’est Daisy, vie qu’il a arrachée, sûrement parce qu’infection s’étendait. Il lui apparaît qu’au moins, il a eu la chance d’être avec elle à ce moment-là – Ellie donnerait tout si ça lui permettait d’accompagner son frère dans son sommeil éternel aussi. Astres ne se détournent plus, ensorcelés par ce qui se déroule chez Stanley – tourbillon de regrets, mer de malheur – la main tente de se frayer un chemin jusqu’à la sienne, mais il s’esquive en essuyant la preuve de ses douleurs. Tant pis.
Elle parle peu – ne parle pas même, complètement soumise à son écoute, en proie à ses émotions. Il lui pose une photo sous le nez – blonde doit plisser les yeux pour en voir les formes plus nettement, mémorise un peu les traits qui forment le paysage – envie l’amour et la joie qui s’en dégage. Il n’y a pas de photo comme celle-ci, ici, alors même que l’argent semblait manquer chez eux. « Tu lui ressembles... » Elle entend, les pupilles se portent sur Daisy – blonde, pas très grande, plutôt menue mais le corps sculpté. Ancienne vagabonde a bien envie de se refaire une couleur par-dessus son blond, soudainement – comme pour briser cette image – et que peut-être ainsi elle n’attise plus la nostalgie et le remord chez le soldat. Ne veut pas être ça – une simple ressemblance avec une image du passé. Puis la main force le contact – il replace une mèche de cheveux derrière l’oreille, elle frissonne, figée – un instant paniquée avant que ça ne se rompt et que douceur du geste ne soit capté. Il n’a rien contre elle, sinon une tendresse qu’elle avait du mal à comprendre, jusqu’à maintenant - mais qui ne lui était pas vraiment destinée.
Révélations – similarités avec la sœur, réelle motivation pour la retrouver. La Ellie moins concernée demanderait sûrement : "j’suis plus jolie pourtant, non ?" mais la réalité c’est que, là, à cet instant, un masque se brise – et un poignard lui est planté dans le tambourin. Parce qu’elle a cette sensation, étrange encore, que l’existence n’importe pas, sinon à travers celle des autres. Oui, il était venu pour elle, pour s’assurer de sa survie et il lui avait donné l’impression tellement de fois de s’intéresser à elle, ou de s’inquiéter pour elle. Sauf que non – ce n’était pas elle qu’il voyait – mais un fantôme. Non, ce n’est pas elle qu’on chérit – c’est un reflet, une image. Sourire cassé. « Je vois. » Voix rauque qui ne cache plus rien – de toute façon visage est miroir des états d’âme déjà et les yeux brillants depuis si longtemps que ça ne change rien. Il croira simplement qu’elle est touchée par son histoire – c’est le cas, ébranlée jusqu’aux larmes, mais raison derrière est égoïste.
Enfin, horizon se dégagent des siens, retrouvent leur chemin dans les lueurs de la ville tandis que le souffle attire la drogue puis l’exhume, à la recherche des mots. Elle se sent vide. « J’aurais fait pareil. » Simple constatation. Si on lui avait demandé d’aller cherché un gosse d’une quinzaine d’années à l’extérieur, elle n’aurait pu refuser, en face à face avec son plus grand échec. « J’ai fait pareil, je crois, en quelque sorte. » En proie à ses démons – ressortir pour le retrouver, alors même qu’il doit être enterré. Cigarette est terminée déjà – sans qu’elle s’en soit rendue compte. « Ah shit, ça se finit trop vite ces merdes. » En retire une, qu’elle n’allume pas de suite, prend le temps de l’observer, de s’habituer à sa présence, à l’odeur. « Mais tu sais... » Que sait-il ? Qu’est-ce qu’elle veut dire ? Une main dans les cheveux, concentration au maximum pour essayer de formuler quelque chose d’intelligent et avec du sens – sans ne jamais trop en révéler. « Aaahhh. » Soupire exaspéré d’elle-même. « Ils nous en veulent pas. » C’est peut-être pire, parce que George aurait toutes les raisons du monde de lui en vouloir, mais qu’il serait quand même là à la rassurer et lui dire qu’elle n’y est pour rien s’il… s’il… Débordement – les larmes roulent toutes seules, elle tente de les contenir en les essuyant en continue. « Désolée... » Si bas, imperceptible - pourquoi c'est elle qui craque en première ? Pourquoi ses jambes la lâchent-elle et l'obligent à s'accroupir face au muret ? « C'est juste que, ils savent qu'on a fait de notre mieux. Même si c'était pas suffisant... » Pourquoi les paroles censées réconforter sont plus douloureuses que jamais ? Aaah, elle a cassé sa clope.
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Sujet: Re: It's a date ? Absolutely not ! [Stanlie] Lun 13 Sep - 0:45
L’alcool circule à flot – et ils ne sont pas malins à vider leurs verres alors que ni l’un, ni l’autre ne semble particulièrement bien tenir ses effets. Rythme la conversation, à mi-chemin entre les pleurs, les terreurs et les rires et les confidences – ici, on ne choisit pas son ambiance, on fait un beau mélange de tout et tant pis si l’on doit passer pour lunatique ou complètement perché. Seul reste égal à lui-même, le père (le fils et le saint esprit), sirotant son verre quand les situations deviennent aussi intenables que les deux garnements. Quel âge a-t-il déjà, ce grand garçon ? La trentaine lui semble-t-il d’après sont cv – et le voilà s’amusant avec sa fille de vingt-deux ans. Ils seraient presque mignons, si la différence d’âge déjà ne le gênait pas et s’il n’avait surtout pas cette impression qu’ils flirtent sous son nez. Calian n’est pas un père poule – du moins avec Eloïse – mais l’invité se permet par moment des mouvements bien trop entreprenant envers sa chair. Un soupire – rien n’est facile quand cela implique cette gamine, mais il aura au moins le plaisir de la voir rire, chose qui n’était pas arrivé depuis leur retrouvaille (celles d’il y a un an). Voilà pourquoi il ne dit rien ni n’interrompt leur petit jeu, quoique des fois il aimerait avoir ce pouvoir, au moins pour sécher les larmes de sa fille.
Observatrice cette fois, gamine se délecte de leur petite rixe à propos de la viande, jusqu’à ce que le maître de maison n’y mette fin d’en revers de main, bien trop éprouvé déjà par ce dîner qui avait à la base pour but de remercier le soldat. Militaire d’ailleurs enfermé dans ses pensées, songeant à elle ne sait quoi en finissant son plat alors qu’elle touche à peine au sien. Parfois, elle aimerait pouvoir lire dans les pensées – peut-être qu’elle s’ennuierait moins ? Et puis lorsqu’il a finit, il fuit et il faudrait être aveugle pour ne pas comprendre que quelque chose cloche. Ellie ne sait pas pourquoi ni quand elle a eu l’ingénieuse idée de le rejoindre sur le balcon, mais c’est chose faite à présent et les voilà en tête à tête à se glisser des mots sombres, des raisons et des explications. Cigarettes accompagnent les confessions. Elle y va molo sur la consommation en ce moment, sevrée par son dernier voyage à l’extérieur des murs. Ses poumons doivent la remercier. Fascinée par la fumée, elle écoute alors, récit larmoyant – contraste avec son calme étonnant. Du coin de l’œil capte quelques gouttes tombées de ses astres – détourne les yeux comme cela semble le gêner avant de revenir l’observer un peu plus tard.
Précieux lui est montré – elle l’analyse, envieuse de ce qui se dessine sous les yeux. Poignard s’enfonce un peu plus dans le cœur – et ce n’est pas vraiment la faute de Stanley, il ne connaît juste pas toute l’histoire, pas tout ses maux ou à quel point elle peut se sentir submergée par toute son existence même. Alors elle comprend, aurait sûrement fait pareil. Ce n’est pas un mensonge, elle intellectualise très bien la chose, même si les émotions au fond en pâtissent un peu. Ce n’est pas grave, prendre sur elle c’est ce qu’elle sait faire de mieux – jusqu’à craquer parce que putain, l’alcool c’était une mauvaise idée. Cette envie de fuir Eden, motivée par la folie naissante que peut-être George était encore quelque part dehors. Cherche à changer de conversation, à la reporter sur la clope pour se donner un point d’appui – tête tournoi un peu et la vision se floute doucement. Blonde sent les cieux la regarder – ceux du lieutenant – impénétrables et déstabilisants. Elle déteste ça – trouve bien étrange qu’on lui accorde tant d’attention. Cri d’auto-encouragement – vers font mal, dans leur réalité. Il n’y a qu’eux pour se flageller d’avoir échouer – personne ne leur en veut autrement. Alors pourquoi cela semble trop dur de supporter cette souffrance ?
Tombe à terre sous la pression – larmes tracent leur chemin pour la peau rougie. Lèvres tremblent et mâchoire se serre de ne pouvoir contenir ses monstres dans le cœur. Poing casse sa cigarette et bras viennent l’envelopper – mais se pose sur le torse pour le repousser, elle n’a pas besoin qu’on la console – sauf qu’elle n’a pas la force de faire plus et au final, s’y abandonne, front venant se heurter aux pectoraux bombés. Tremblotante – sursaute quand l’immense main caresse les cheveux. Souris minuscule prise dans les pattes de l’ours – il pourrait la briser dans un mouvement trop brusque, mais se démontre bien plus délicat qu’à leur rencontre. Voix grave se veut rassurante – mutisme prend place, plus occupée à arrêter la pluie de tomber qu’à répondre à ses tentatives d’humour – un peu douteuses mais pas méchantes. Question achève toutefois et elle doit fuir de l’étreinte pour ne pas s’y sentir étouffer – mais mains viennent capturer le visage humide et essuyer les résidus de remords.
Ami – Ellie, surnom devenu nom a été retenu, plus qu’Eloïse et c’est un point qui la touche, sincèrement. L’homme s’évertue à la surprendre à chaque fois, pour venir briser toujours ce qu’il construit, sans en avoir pleinement conscience. Ses prunelles ne décrochent pas des siennes – elle a l’impression d’être mise à nue et ça l’embête, la gêne. Le repousse, une bonne fois pour toute, sanglots calmés quoique les perles coulent toujours à flot. Se détournent – de dos cela semble tellement plus facile. « T’es trop con pour être mon pote t’façon. » En vrai, ça lui arrache la gorge de le dire – mais elle a besoin d’instaurer de la distance, parce que palpitant défaille à chaque fois avec lui – de casser le premier compliment qu’elle lui a fait. Tire une autre clope et l’allume cette fois-ci, à nouveau sur les deux jambes. « George. » Voix déraille. Depuis combien de temps n’a-t-elle pas prononcer son nom ? Tire une taffe et laisse la tristesse se déverser sur les joues – heureusement qu’elle est pas maquillée. « C’est... » Bouche reste entrouverte sous l’évidence. « C’était mon p’tit frère. » Au passé. Silence règne à présent, en organisant ses idées. « Ils ont dit qu’il était infecté. J’sais pas à quelle heure ces cons ont... » Rage, regrets, culpabilité – beau mélange d’un bordel sans nom. « J’sais pas ce qu’il s’est passé. » Aveux horrible – inspire sa drogue puis repose les bras sur le rebord – s’accoude. « J’ai pas besoin de ta pitié ok ? J’suis grande, j’m’en sors très bien toute seule. » Mauvaise fois, un moyen de réaffirmer sa force et de se reprendre elle-même – au moins les pleurs se sont calmés, eux.
« C’juste que, il était trop bon pour ce monde, et méritait pas de… méritait rien de tout ça. » Les yeux brillent. « Il était gentil, il se plaignait jamais. Il a même rien dit quand son père est mort, il m’a juste suivi, n’a presque pas pleuré, tu sais ? J’crois qu’il voulait pas être un poids pour moi. Il en était pas un, il l'a jamais été, au contraire... » Étirement des lèvres dans un rictus sans joie, sinon celle qu’apporte le souvenir de tant de tendresse. Elle pourrait passer des heures à lui raconter à quel point George était un bon petit, un véritable amour – que c’est lui sûrement qui a sauvé son âme, que la part d’humanité qu’il lui reste, c’est grâce à lui – sinon elle aurait été pourrie jusqu’à la moelle. Puante comme la petite-sœur et même pire. Elle pourrait lui raconter à quel point elle l’aimait, et l’aime encore – et combien il lui manque, lui et sa légèreté, son rire cristallin et son visage d’ange. Elle pourrait dire tout ça – mais ça serait l’enterrer encore plus, et elle, elle veut qu’il soit là encore, tout à côté, ou dans le cœur – pour l’éternité.
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Sujet: Re: It's a date ? Absolutely not ! [Stanlie] Jeu 30 Sep - 22:57